... Et sèment le Chaos [mission - solo]

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Elenissa Alisan
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Sujet: ... Et sèment le Chaos [mission - solo] Sam 29 Sep - 11:00

Précédent Fêlure II Un plafond blanc. Des draps blancs. Elenissa se roula sous les couvertures déposées sur son corps blanc. Elle n'y parvint pas. Elle ouvrit les yeux, cligna des paupières plusieurs fois et fixa le plafond. Où suis-je ? Le plafond était blanc mais bien trop éloigné de ses yeux pour être celui de sa chambre. Elle n'était pas chez elle. Elle ne connaissait pas cet endroit. Son regard acide s'affola. Elle tourna la tête à droite puis à gauche pour constater qu'elle se trouvait dans une petite alcôve entourée de rideaux blancs. La clarté des lieux la réconforta inconsciemment. L'ambiance était à peu près la même que chez elle : blanche et stérile, sans la moindre trace de couleur, un blanc immaculé, un blanc d'hôpital. Elenissa ferma les yeux à nouveau et replongea dans un sommeil sans rêve. Le temps passa, indéfini pour la créature endormie et finit par la tirer du repos après avoir fait son œuvre et achevé de la dérouter. Elle ouvrit les yeux, cligna des paupières plusieurs fois et fixa le plafond. Où suis-je ? Sans regarder autour d'elle, elle sut qu'elle était allongée dans un lit blanc, qu'elle ne pouvait pas bouger pour une raison inconnue et qu'elle était isolée dans une petite alcôve formée de rideaux blancs. Sa mémoire fonctionnait à nouveau correctement. Elle replia les jambes, fut heureuse de constater qu'elle pouvait les bouger. Plaisir de courte durée puisqu'en repliant ses aiguilles, le drap qui la couvrait glissa pour dévoiler une partie de son corps d'albâtre, chétif, presque malade. Elle était nue sous les draps et un sein offert à la vue de tous. Elenissa serra les dents. Chaque parcelle de peau nue représentait un danger pour les autres. Chaque parcelle de peau nue lui brûlait les yeux. Elle détestait ce corps qu'elle pouvait tordre dans tous les sens, elle détestait ses côtes saillantes sous sa peau, le bleu de ses veines qui traçaient d'étranges sillons à travers le blanc de sa peau, sa poitrine si peu développée qu'il lui aurait été aisé de se faire passer pour une jeune garçon. Elle n'avait pas conscience que son corps pouvait fasciner par les prouesses qu'il était capable d'effectuer, par sa silhouette harmonieuse, sa blancheur éthérée si rare et précieuse, par la douceur de ses courbes et l'impression d'interdit qu'il représentait. Elenissa n'était pas belle, ni même jolie, elle était simplement fascinante. Elle tourna la tête à droite. Sa main était entourée d'un tissus épais, attaché à son poignet, lui-même fixé à l'extrémité du lit par une courroux en cuir. Elle tourna la tête à gauche et remarqua la même chose de ce côté-ci. Elle était allongée sur un lit, dans un lieu inconnu et nue. Cela n'avait rien de cohérent. Elle ferma les yeux et souffla doucement. Elle réfléchirait après s'être sortie de là. Après avoir vérifié qu'il n'y avait rien derrière elle, la créature s'appuya sur ses poignets et poussa sur ses jambes. Avec une facilité déconcertante, elle se retrouva debout derrière la tête de lit, sa longue chevelure de flamme masquant son corps nu. Elle chercha du regard quelque chose pour s'aider à se détacher mais ne trouva rien. Soupirant, elle traîna alors le lit jusqu'aux rideaux qu'elle fit coulisser. De l'autre côté, il y avait un grand espace que son regard ne parvenait pas à embrasser totalement. Il y avait pleins d'autres alcôves similaire à la sienne, rangées les unes à côté des autres. Certaines étaient ouvertes, vides, d'autres étaient fermées et quelques unes encore étaient ouvertes et contenait un homme allongé sur un lit. Elenissa comprit qu'elle était dans une sorte d'hôpital et que par conséquent, elle ne trouverait rien pour couper ses liens ici. Sa position était inconfortable. Penchée, les bras complètement tordus, elle devait trouver rapidement un moyen de se sortir de là. Puisque ses mains étaient enfermées dans du tissus, elle ne pouvait pas essayer de se détacher en se tordant les poignets. Il n'y avait plus qu'une solution. La créature posa son front sur le métal froid de la tête de lit et souffla longuement pour se concentrer. Elle serra les dents et effectua un mouvement sec qui provoqua un craquement sinistre du côté de son épaule gauche. Complètement déboîtée. La douleur était assez forte pour étourdir quelques secondes la demoiselle qui réprima un couinement. Disposant des quelques centimètres dont elle avait besoin, Elenissa déporta son corps sur la droite et après plusieurs tentatives parvint à atteindre la courroie de cuir avec ses dents. Précise et rapide, elle libéra son poignet, retira le capuchon qui lui emprisonnait la main et détacha son second poignet. La douleur s'apaisa mais son bras gauche pendait maintenant de manière assez inquiétante, les articulations de son épaule étant digne des meilleurs monstres à forme humaine. Sans s'émouvoir davantage cependant, Elenissa exécuta une nouvelle série de mouvements et un nouveau craquement se fit entendre. Son bras était remis en place mais elle ne put retenir quelques larmes de douleur cette fois-ci. Elle les essuya d'un revers de main après avoir ôté le second capuchon de son poignet. Elle attrapa ensuite le drap et l'enroula autour de son corps puis en déchira une partie, longue et étroite pour fixer son bras gauche en écharpe afin de le laisser guérir le mieux possible. D'ici trois jours, elle en retrouverait tout l'usage mais d'ici là, elle ne devait pas l'utiliser. Ces gestes, elle les connaissait par cœur et n'avait pas douté un seul instant en les effectuant. Petite, elle pleurait souvent quand son oncle lui faisait subir ce rituel avec chaque articulation de son corps. C'était le prix à payer pour avoir un corps aussi souple désormais. Petit à petit, elle avait accepté la douleur puis elle avait choisi de souffrir seule pendant ces séances « d'étirements ». Des gestes qu'elle avait répété des milliers de fois au cours de sa vie et dont elle connaissait tous les effets, des meilleurs avantages aux pires inconvénients. Un bruit mat dans son dos. Vivement, elle se retourna. Il y avait une femme par terre. Que fait-elle là ?

Elenissa Alisan
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Sujet: Re: ... Et sèment le Chaos [mission - solo] Lun 1 Oct - 10:07

La jeune créature s'approcha, ses grands yeux verts emplis de curiosité. Une infirmière était tombée juste sous son nez. Elle avait tourné de l'oeil. Elenissa ne comprenait pas pourquoi, trouvait cette réaction très étrange. Avait-elle fait quelque chose de mal ? Elle se retourna, vérifia qu'il n'y avait personne derrière elle, haussa les épaules en tombant seulement sur le mur blanc, et enjamba la femme inconsciente. De son bras valide, elle tenait le drap au-dessus de sa poitrine, chercha du regard où ses vêtements avaient été posés. Ils n'étaient pas là. Ni dans la petite alcôve, ni à côté et il n'y avait personne d'autre que les quelques hommes qu'elle avait blessé durant le voyage. Blessés... Elle ferma les yeux, recula, buta contre le corps inerte et tomba en arrière, se tapant la tête contre le bord de son lit. La créature couina, assez fort pour réveiller un patient endormi et attirer l'attention de quelqu'un d'autre. Au travers de la migraine qu'elle venait de déclencher, Elenissa perçut des bruits de pas se rapprocher et venir vers elle. Les pas s'arrêtèrent face à elle. Il s'agissait d'un homme. Il avait l'air sévère et les traits tirés de mécontentement. Il laissa tomber un soupire en découvrant l'infirmière étendue au sol et repartit. Elenissa remonta sur son lit dès qu'elle cessa d'entendre ses pas. Elle se replia sur elle-même, remontant ses genoux contre sa poitrine, roulée en boule comme un chat sauvage, visage vers le mur. Sur son visage, aucune émotion particulière n'était visible. Les yeux clos, Elenissa avait fermé sa boîte à sentiment à double tour. Elle n'était plus qu'un mur de glace alors que son cœur saignait et que les larmes de remord ne parvenaient pas à s'écouler le long de ses joues. Tout était fermé, emprisonné au plus profond de la jeune femme. Plongée dans son mutisme presque masochiste, le petit bout de femme ne remarqua pas la revenue de l'homme à l'air sévère. « Levez-vous. » Elenissa ne bougea pas. Son esprit ailleurs, concentré sur sa faute. Ils l'ignoraient sans doute mais en la touchant sans prévenir, par surprise, ils avaient mis leur vie en grand danger. Ils avaient de la chance d'être encore en vie et elle aussi. Combien de temps avait-elle dormi ? Quelques heures ? Plus ? De son état dépendait celui de ses victimes. Si elle n'avait aucune séquelle mais qu'elle était restée inconsciente un long moment, il était possible, probable même que les hommes chargés de l'amener aient subis des dommages plus graves. Mentaux ou touchant directement leur magie. « Levez-vous... » Elle se crispa, son cœur battant vite. Elle imaginait les pires scénarios possibles, évaluait mentalement dans quel état devaient se trouver les mages, les maudissait pour l'avoir touché et réveillé sa malédiction. Un claquement retentit près de son oreille. D'un bond, la créature se releva sur son lit, son bras en écharpe hors de sa protection. Les mains en avant, les jambes fléchies, elle semblait prête au combat. L'homme à l'air sévère ne broncha pas. Il se contenta de soupirer brièvement, passablement agacé par cette jeune mage qu'on lui avait confié. Qu'avait-il fait pour mériter cela ? En plus d'avoir des pouvoirs dangereux bien qu'inconnus, elle était mentalement instable et n'avait aucune classe. Il soupira encore et lui tourna le dos. Après tout, elle était nue, simplement enroulée dans un drap qui risquait de choir à chaque instant si elle ne le tenait pas. « Votre sac est dans votre chambre avec vos affaires. Enfilez ceci et suivez-moi. » Sur ces mots et sans se retourner, il lui tendit des vêtements : une longue toge, un plastron de tissus et des chaussures plates aux couleurs du conseil. Elenissa descendit doucement du lit et abandonna son drap, sous le regard pétrifié d'un médecin qui s'occupait de remettre en état l'infirmière inconsciente. La pauvre s'était réveillée depuis quelques secondes mais replongea aussi sec en tombant sur le corps nu de la patiente. La jeune créature enfila la toge qui lui tombait jusqu'aux pieds et le plastron par-dessus. Elle ne ressemblait vraiment à rien dans cet accoutrement, bien trop large pour elle. Remettant son bras gauche en écharpe, le pressant contre son buste, elle contourna l'infirmière et le médecin pour suivre l'homme du conseil dans les couloirs. Elle allait bientôt retrouver son précieux masque.

Elenissa Alisan
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Sujet: Re: ... Et sèment le Chaos [mission - solo] Dim 2 Déc - 10:23

Les couloirs étaient longs. Les couloirs étaient hauts. Les couloirs étaient si beaux, si grandioses qu'Elenissa avait l'impression qu'on lui brûlait les yeux à chaque instant. Ce n'était pas son monde, elle n'avait rien à faire ici. Sans sa tenue de scène, sans son précieux masque, elle se sentait d'autant plus vulnérable. Oppressée sous tout ce faste, son cœur battait rapidement et elle ne pouvait s'empêcher de jeter des regards frénétiques dans tous les sens, comme un petit animal apeuré qui cherche désespérément une porte de sortie. Cette ambiance commençait à lui rappeler son enfance. Le cirque. Son oncle... Les autres artistes. Dès qu'un mage passait dans le couloir, elle pouvait sentir son regard sur elle, entendre les chuchotements désapprobateurs dans son dos et l'indifférence glacée de celui qui la guidait. Elle serra les dents, baissa les yeux et constata qu'elle serrait fortement les plis de la toge qu'elle portait. Cette mission n'avait pas encore commencé et c'était déjà un vrai cauchemar. Des blessés, son bras en écharpe. Pis, elle ne savait toujours pas ce qu'elle devait faire précisément. Trouver l'intrus, oui, mais c'était vague. Elle déglutit difficilement et ravala sa panique : ils arrivaient devant une porte, blanche et sculptée avec des dorures un peu partout. L'intérieur était également... splendide. Elenissa venait de pénétrer dans une ravissante chambre. Haute de plafond, le sol marbré, les murs recouverts d'une tapisserie discrète d'un rose poudré reposant. Contre un mur se trouvait un grand lit à baldaquin, un lit de princesse comme elle n'aurait jamais cru en voir. A l'opposé, un grand bureau de verre avec un fauteuil qui semblait des plus confortables. A côté de la baie vitrée qui donnait sur une sorte de jardin intérieur, un grand paravent tapissé attendait sagement. « Votre chambre. Vos vêtements sont dans l'armoire, annonça l'homme en désignant d'un geste élégant un meuble imposant, à trois pas du lit. » Alors ça, c'était sa chambre ? La créature n'en revenait pas. Il devait se moquer d'elle. Elle ne pouvait pas loger dans un endroit aussi luxueux. Elle ne voulait pas... C'était pourtant bien là qu'elle dormirait mais elle comprit rapidement qu'elle n'aurait pas beaucoup de temps à y passer. Le mage observait dans un coin les réactions de l'étrangère. Il se nommait Thom. Âgé de vingt-cinq ans, il faisait parti des plus jeunes membres du conseil. Plus qu'un simple fonctionnaire, il tenait le rôle d'homme à tout faire du Conseil. Fier de son poste et de ses responsabilités, assez intelligent pour savoir que les membres du Conseil lui vouaient une confiance quasi absolue, en observant le petit bout de femme qui inspectait sa chambre comme si elle n'avait jamais rien vu de tel, il se questionnait. La plus récurrente des interrogations qui revenaient à son esprit était la raison de sa présence ici. Pourquoi était-ce lui à qui l'on avait confié cette fille, à peine sortie de l'enfance, apparemment instable psychologiquement et dépourvue de tout intérêt ? Plus il y réfléchissait, plus il fixait l'énergumène et plus deux réponses se frayaient un chemin jusqu'à lui. La première était qu'on avait décidé de tester ses capacités en lui donnant à charge un cas social. La deuxième était que cette jeune fille avait bien plus d'importance qu'elle ne le laissait suggérer. Et le pire dans l'histoire était qu'il ne savait pas quelle hypothèse il était sensé préférer. Son orgueil privilégiait la seconde mais son instinct lui dictait qu'il aurait mieux valu pour lui qu'il s'agisse de la première. Son instinct ne le trompait jamais. Le regard acide de la créature se posa bientôt sur lui. Il tressaillit, incapable de s'en détourner, de penser à autre chose. Jusque là, il avait réussi à l'éviter, craignant de le rencontrer mais cette fois, il l'avait accroché et semblait déterminé à ne pas le lâcher. Elenissa baissa les yeux. Elle avait senti le malaise que son regard provoquait chez l'homme. Elle n'avait pas fait exprès. Elle voulait disparaître. Elle ne pouvait pas. Elle avait une promesse à tenir et elle la tiendrait, coûte que coûte. ~ Et maintenant ? Lâcha-t-elle faiblement. Le mage cligna des yeux et fixa l'étrange créature. Commençait-il à comprendre le paradoxe qu'était Elenissa ? Il ne faisait que l'effleurer du bout des doigts, apercevoir sa silhouette fantômatique dans le passage d'une porte. Cette petite chose lui sembla soudainement bien plus humaine que lui. Un frisson remonta le long de son dos : le regard de cette fille était redoutable. Perçant comme l'acide, aussi profond qu'un puits sans fond. Et il s'y était noyé avec une telle simplicité... Nul doute que si elle n'avait pas détourné les yeux, il serait encore en train de se faire sonder, sans rien pouvoir y faire. « Maintenant ? Hum, oui, maintenant... » Il se racla légèrement la gorge. « On m'a confié votre formation. Nous avons une semaine pour faire de vous un parfait membre du conseil et pour vous apprendre tout ce dont vous aurez besoin pour votre mission. » Il hésita puis rajouta : « … Et pour que vos blessures guérissent. » Docilement, Elenissa acquiesça pour montrer qu'elle avait compris ce qu'on lui demandait. Elle avait peur pourtant. Sans savoir ce qui l'attendait, elle se doutait que cette semaine mettrait à rude épreuve sa volonté et son self-contrôle. Cette épreuve n'était que pour renforcer son armure. Fermée au monde qui l'entourait et qui lui était totalement étranger, elle se moquait de tout. Du décor grandiose, de la vue magnifique, de ses blessures. Tout. Sauf le regard du mage. Apparemment, elle devait passer une semaine avec lui. Apparemment, ça n'avait pas l'air de lui plaire. Apparemment, il avait changé d'avis. Quelque chose dans son regard avait touché la jeune femme, comme une petite épine dans le pied. Une épine qui s'accroche et qu'on ne parvient pas à retirer. Il était le seul dans ce endroit à capter l'attention de la sirène. L'un comme l'autre était conscient que cette semaine serait particulière.

Elenissa Alisan
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Sujet: Re: ... Et sèment le Chaos [mission - solo] Lun 17 Déc - 16:45

Dès le lendemain, sa préparation commença. La jeune femme s'était levée aux premières lueurs du jour et s'était préparée dans le silence que lui offrait le petit matin. Loin d'être habituée à dormir dans un tel environnement, elle n'avait pas réussi à trouver le sommeil facilement. Une multitude de questions et d'appréhensions s'étaient succédées une grande partie de la nuit dans son esprit. Comment allait-elle mener à bien sa mission ? Comment être sûre de ne pas se tromper ? Elle n'avait pas le droit à l'erreur. Pour le bien de sa mission et pour le bien de la réputation de Lamia Scale. Ce n'était pas à Fairy Tail que l'on avait confié cette mission, ni à Blue Pegasus ou à Crime Sorcière. Cette mission de confiance avait été donné à Lamia Scale et plus précisément à White Empress. A elle, et elle seule. En ayant pleinement conscience de ce fait que personne n'osait lui dire, Elenissa se rendait plus anxieuse que nécessaire. Mais avec cette pression supplémentaire sur les épaules, elle sentait qu'elle serait différente si elle réussissait. Quelque chose changerait en elle, dans son cœur. Elle se sentirait... importante. Capable de faire quelque chose de bien de sa maudite magie. Elle ne comprenait pas pourquoi mais savoir que quelqu'un comptait sur elle la rendait heureuse. Malgré toutes ses appréhensions, cette petite lumière éclairait son chemin avec la force d'un soleil et apaisait son cœur de corbeau. Aux alentours de dix heures, lorsque le mage du conseil chargé de la formation de la créature pénétra dans la chambre, il la trouva en pleine séance d'étirements. Elle semblait ne pas le voir ni l'entendre, comme perdue dans un autre monde. Intrigué par ce détachement, le mage resta silencieux, planté devant la porte à observer l'étrange animal dont il avait la charge. Cette fille avait l'air de méditer. Comment faisait-elle pour s'étirer, tendre autant ses muscles et concentrer son esprit au point de ne plus rien ressentir autour d'elle, en même temps ? ~ Quel est votre nom ? Le mage frémit. Elle... elle l'avait entendu ? C'était à n'y rien comprendre. Celle qui ressemblait à un petit animal apeuré en sa présence la veille agissait désormais avec l'assurance charismatique d'un sage devant son disciple. Elenissa n'obtint pas de réponse à sa question. Elle se retourna doucement et planta son regard sur le jeune homme, attendant fièrement une réponse. Sans ciller. « S-Sulivan. » Bredouiller ? Lui, bredouiller ? Pourquoi ? Quel était cette impression oppressante qui se dégageait de la sirène ? Etait-ce cela, la véritable apparence de la veuve blanche ? Oui. Elenissa portait son masque immaculé. Et ce masque était à la fois son plus lourd fardeau et sa plus grande faiblesse. Anonyme, invisible, elle n'avait pas à craindre le regard effrayé de ses victimes lorsqu'elle le portait. Elle n'avait pas non plus à craindre de faire usage de sa magie maudite. Ce n'était pas Elenissa qui l'utilisait mais la femme corbeau. Celle dont la fourberie n'avait d'égal que son efficacité. Femme. Corbeau. Une personne capable de la plus grande perspicacité comme de la plus grande cruauté. Messager de mort, oiseau de malheur et maître de manipulation. C'était le rôle que la jeune femme avait choisi de donner à son masque. Matérialiser ce qu'elle avait peur de devenir en usant de sa magie pour l'apprivoiser et ne jamais se laisser submerger. Deux facettes d'une même personne. White Empress ferma les yeux et décrocha son masque. Elenissa les ouvrit et posa avec précaution l'objet sur son lit. Les yeux baissés, elle remit son bras blessé dans son écharpe et se présenta devant Sulivan, soumise à sa volonté. ~ Je suis prête. Troublé par le dédoublement de la personnalité de la créature, le membre du conseil fit en sorte de s'échapper rapidement de la cage. Il laissa les plans des lieux sur le bureau de la chambre, ainsi que divers autres papiers et parchemins qu'Elenissa devait apprendre par cœur pour la fin de la semaine. « Si vous avez besoin de moi, utilisez ce lacrima. » Après quoi, il s'esquiva en déposant rapidement la pierre magique dans la main de la petite horreur. Cette première journée de solitude convint parfaitement à Elenissa. Elle la passa devant le bureau à mémoriser un maximum d'informations, comme on lui avait demandé.

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