une quête...enfin ! [PV Misaki et Alaric]

Après quelques entourloupes avec la horde de mages noirs qui avaient tenté de le tuer, Hector s'était retrouvé la jambe bandée et la main exactement dans le même état. Mais malgré tous ces périples, il avait reçu une quête et l'avait accepté malgré sa jambe douleureuse. Cette mission consistait à servir de garde du corps à une des plus riches personnes de Crocus.
Hector attendait le jour J depuis une semaine, on devait venir le chercher et l'emmener à la capitale en voiture. Midi arrivé, le mage roux partit manger dans un restaurant, et ladite voiture arriva pour l'embarquer. Au volant, un majordome d'un soixantaine d'années doté d'un magnifique nœud papillon qui avait un je ne sais quoi de sympa. Il lui expliqua les raisons de cette mission.

-Bonjour, monsieur Williams. Je suis le majordome de mademoiselle Hyliana et je vais vous expliquer les causes de cette quête : Il y a quelques semaines, mon employeuse avait décidé d'organiser un gala de charité pour réunir des fonds afin d'aider le conseil magique à mieux équiper ses défenses. Mais elle a également reçu des menaces de mort d'un certain "Blade", lui ordonnant d'arrêter tout de suite ses projets au risque de finir six pieds sous terre. Mais, assez parlé, nous avons encore beaucoup de route à faire.

Il démarra son véhicule et partit en direction de Crocus. Hector s'était mis sur le siège avant et l'avait reculé à fond pour ne pas être plié vu l'importance de sa taille. Plus le temps passait et plus le mage se disait qu'il aurait certainement du écouter les enseignements de son maître et faire confiance aux autres au lieu de n'en faire qu'à sa tête.
La voiture passa à travers la ville de Clover et Hector interrogea le majordome.

-À ma connaissance, Clover n'est pas le chemin le plus rapide pour partir à Crocus. Je me trompe.

À cette question, le vieil homme lui répondit :

-Non, en effet, mais nous avons quelque chose à faire avant.

La voiture s'arrêta devant la grille de Blue Pegasus et un mage vint saluer les deux hommes en voiture, leur demandant ce qu'ils voulaient. Le vieux majordome répondit alors :

-Nous venons chercher monsieur Alaric Eldar.

L'homme leur demanda de patienter et partit chercher l'homme en question. Hector se mit alors à hurler :

-QUOI ?????!!!!!! Il reprit alors un ton normal et continua. Depuis quand je suis censé travailler avec quelqu'un moi ?

Le vieux lui répondit alors qu'ils étaient trois au total, que ça lui plaise ou non.
Ils attendirent donc dans la voiture, silencieusement, Hector passa le temps en astiquant son fusil et lâcha un soupir.

En cette resplendissante journée de printemps, alors que tout aurait dû le pousser à profiter de son temps libre avec ces amis, un jeune homme restait assis sur le sol herbeux d’un parc vide. Heureusement d’ailleurs qu’il l’était, car sinon, Alaric aurait eu bien du mal à s’expliquer aux badauds qui le regarderaient de travers en passant dans les rues. Encore qu’il n’aurait même pas eu à s’en rendre compte tant il était absorbé dans ce qu’il faisait. Et que faisait ce mage aux cheveux indigo assis dans l’herbe ? Lui-même aurait été bien en peine de le dire. Mis à part peut-être qu’il avait ressenti l’impérieux besoin de s’isoler dans cet endroit calme pour réfléchir. De fait, quelque chose n’allait pas dans sa manière d’avancer sur le chemin de la magie. Quelque chose clochait mais le jeune homme n’aurait pas su dire quoi…peut-être était-ce le manque cruel d’exercice dont il souffrait en ce moment - et que soit dit en passant, il ne faisait rien pour réparer - ou peut être simplement la sensation qu’il oubliait quelque chose d’essentiel dans ses pérégrinations à travers le royaume. Enfin quelle que soit la cause de ce besoin d’isolement, les faits parlaient d’eux-mêmes : Alaric était assis sur de l’herbe dans un par public en attendant une mission qui ne viendrait sûrement pas le cueillir toute seule. Pour obtenir le droit de se dispenser de ses questions éternellement sans réponses, il devrait se remettre en quête, une perspective qui n’avait rien de très enthousiasmant.

Se levant péniblement,- rester assis finissait toujours par donner quelques douleurs articulaires – Alaric quitta son sanctuaire provisoire et regagna l’enceinte de la guilde. Etrangement, quelque chose clochait aujourd’hui, sans doute l’approche de la belle saison avait-elle incité les autres mages à se précipiter sur les missions, car le tableau d’affichage restait presque vide, une seule malheureuse requête y figurait et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle n’avait pas fait l’unanimité enfin, s’il avait vraiment voulu choisir, il aurait dû se bouger plus tôt n’est-ce pas ? Bref, pas le temps de s’interroger. Alaric récupéra la feuille de papier tristement accrochée au panneau et commença à lire. A première vue, il s’agissait d’une mission en solo qui consisterait à protéger une jeune personne immensément riche de Crocus. Cette dernière aurait en effet reçu des menaces d’un certain mage appelé « Blade » et fait appel aux guildes légales pour la débarrasser de l’importun. La récompense proposée semblait assez rondelette et aurait permis à pas mal de mages d’arrondir leurs fins de mois sans accomplir d’autre quête, un argument de poids en faveur de la requête que tenait le mage de Blue Pegasus, car s’il ne s’intéressait pas particulièrement à l’argent, celui-ci était un allié indispensable à sa survie en ce monde. Mais tout de même…qu’avait donc fait cette femme pour se mettre un mage à dos au point de réclamer les services des guildes ? Et que signifiait donc ce « immensément » ? En fait, plus il regardait ce vulgaire bout de papier, plus Alaric en arrivait à penser que tout y était rédigé pour tenter d’appâter les mages, une incorrection bien méprisable de la part de quelqu’un qui demandait de l’aide. Enfin, une requête étant une requête, il n’allait certainement pas laisser passer la chance de pouvoir s’exercer à la magie tout en se remplissant un pu les poches.

Sur le papier, il était stipulé qu’un majordome viendrait récupérer le mage qui répondrait à cette annonce par une lettre. S’installant à une table pour y réfléchir plus sereinement, Alaric rédigea machinalement son assentiment à participer à la protection de cette fille et enveloppa le tout dans une enveloppe. Il ne lui restait plus qu’à la faire parvenir au commanditaire de la mission. Mais comment faire ? En y réfléchissant, le meilleur moyen (et le plus certain) était de la remettre à un coursier qui ferait le trajet entre Clover et Crocus. Se demandant où trouver une personne assez motivée pour faire cette course, le jeune homme ne remarque pas tout de suite que quelqu’un le lorgnait discrètement…enfin pas si discrètement que ça mais bon. Relevant légèrement les yeux, il lança à brûle-pourpoint :

- Tu m’expliques pourquoi tu m’observe à la dérobée depuis quelques minutes ?

Toujours savoir se montrer direct et ne pas dissimuler ses intentions derrière de vaines figures oratoires. C'était un art intéressant à pratiquer, surtout lorsque cela permettait d'avoir en prime le droit d'observer le visage stupéfait et décomposé de son interlocuteur. Enfin, au moins, l'autre mage ne dégageait aucune once d'agressivité..ce qui en soit était déjà plutôt rassurant. Reprenant contenance plus vite que le jeune mage aux cheveux indigo ne l'aurait cru, son vis-à-vis rétorqua avec un calme époustouflant :

- Si je ne m'abuse, tu as besoin d'un coursier ?

Ça pour une surprise, c'en était une et de taille ! Enfin de toutes façons, il fallait à Alaric cette mission et il n'avait pas le temps de jouer les limiers.

- En effet, tu peux m'aider ? J'ai besoin que cette missive aille à Crocus le plus vite possible.
- Ce ne sera pas nécessaire qu'elle aille aussi loin, l'escorte de la jeune dame est déjà en chemin, elle vient voir qui a répondu à sa demande. Je le sais de source sûre. Mais confie-moi quand même ta lettre et tiens-toi prêt à partir d'ici une heure.

Un bon point. Son émissaire parti, Alaric se leva avec un sourire satisfait. L'aventure revenait frapper à sa porte après de longues semaines de silence. Ce n'était pas trop tôt.

Une heure à peine plus tard, un vieillard affable se présenta dans le hall de la guilde. D'après sa tenue soignée, il semblait être le majordome dont parlait l'autre mage. Il discutait avec un mage de la guilde qui arriva devant Alaric.

- Ce majordome te cherche.
- Oui, merci.

Sur cet ultime échange, le mage de Blue Pegasus s'avança face au vieil homme et le suivit jusqu'à la voiture qu'il utilisait. A l'intérieur, Alaric eut la très étrange surprise de croiser une autre mage déjà présent sur les lieux et lorsqu'il se tourna vers l'homme pour qu'il lui explique, celui-ci répondit seulement :

- Vous exécuterez cette mission à trois.

Un bon point de départ que de savoir qu'ils avaient été trompés par leur employeur...

La jeune mage de Lamia Scale s'était réveillée de bonne heure ce matin-là. Elle avait accepté une nouvelle mission la veille et devait partir le jour même lorsqu'un majordome viendrait la chercher. Elle avait trouvé cette mission totalement au hasard sur le panneau de la guilde et avait décidé de la prendre, car elle ne semblait pas trop compliquer et était plutôt bien payée. Elle avait donc répondu à la demande à l'aide d'un lacryma et on l'avait prévenu de la venue du majordome dans la matinée. C'était pour cette raison qu'elle n'était pas déjà partie à Crocus... Crocus, elle avait la hantise d'y croiser son père, elle avait peur de le voir affaibli ou même malade. Si c'était le cas, elle n'arriverait pas à rentrer à la guilde et se sentirait obligée de rester avec lui. D'un geste de la tête, elle chassa cette pensée de son esprit et se leva, tentant de penser à des choses agréables.

Une fois debout, elle alla faire couler l'eau de son bain puis elle alla mettre un toast à griller et alla finalement dans son salon. Là-bas, elle alluma un bâton d'encens qu'elle déposa sur la commode qui lui servait d'autel pour les photos de sa mère et sa soeur. Elle s'agenouilla finalement face à cet autel et se mit à prier pour elles. Après quelques minutes, elle se releva et alla dans la salle de bain. Elle arrêta l'eau du bain, un épais nuage de vapeur se rependait dans la pièce. Elle se déshabilla puis se glissa dans l'eau chaude, un soupir de bien-être franchissant ses lèvres alors qu'elle souriait. Elle resta dans l'eau de nombreuses minutes, pensant à tout et à rien, faisant le point sur les derniers évènements qui s'étaient produit dans sa vie etc. Elle se leva et sortit de l'eau que lorsque l'eau, commença à devenir froide, ce que la jeune femme trouva très désagréable. Elle se leva donc et sortit de la baignoire, attrapant une serviette à proximités, elle s'enroula rapidement dedans, sans prendre le temps de se sécher.. Elle se tourna ensuite vers la baignoire et vida l'eau qu'elle contenait avant de sortir de la pièce. Un frisson parcouru alors son corps, l'air étant plus frais dans les autres pièces. Elle partit dans la cuisine et prit le toast qui se trouvait toujours au même endroit, elle le posa sur la table puis étala un peu de beurre dessus avant de croquer dedans et de partir dans sa chambre pour s'habiller. Elle enfila une de ses robes assez simples, de couleur vert claire puis se peigna avant de retourner dans la cuisine où elle termina son petit-déjeuner. Quand ce fut fait, la jeune femme alla prendre son sac dans sa chambre, sac qu'elle avait préparé la veille, puis alla mettre des ballerines bleues nuits et quitta sa maison pour se rendre à la guilde.

Sur le chemin, elle regardait un peu autour d'elle, restant attentive. Après tout, on lui avait dit que le majordome viendrait la chercher, mais comment pourrait-elle le reconnaître et comment la reconnaitrait-il ? Elle surveillait donc les alentours pour voir si elle voyait quelqu'un qui serait habillé comme ce qu'elle imaginait des majordomes, c'est-à-dire costume bien taillé, noeud papillon etc. Elle finit par arriver à la guilde, mais ne vit personne. Elle attendit donc une bonne demi-heure avant qu'un majordome vienne l'aborder. Elle le regarda de manière totalement neutre.

« Mademoiselle Teshiwara ? J'ai été envoyé pour venir vous chercher. Pour la mission. »
« C'est moi en effet. Je vous suis »

Avait répondu calmement la jeune femme et de manière très posée avant de suivre le vieil homme vers le véhicule. Quand ils furent devant, il lui ouvrit la portière et la jeune femme le remercia d'un signe de tête avant de monter dedans. Elle vit alors qu'il y avait deux autres personnes dans la voiture. Bon, elle avait été trompée et se retrouvait à faire cette mission avec des personnes appartenant sûrement à d'autres guildes... Elle n'aimait pas vraiment faire des missions avec d'autres personnes, qu'ils soient de sa guilde ou non. Elle les observa un instant, il s'agissait de deux hommes, un aux cheveux foncés et l'autre aux cheveux roux, elle trouvait la couleur un peu étrange, mais ne fit aucune réflexion et ne s'attarda pas dessus. Elle détourna le regard de ces deux hommes, ne sachant pas quoi dire. Elle aurait voulu revenir sur sa décision quant au fait d'effectuer cette mission, mais elle ne pouvait pas, cela aurait été mauvais pour la guilde. Elle devait donc prendre sur elle et continuer puis finir la mission. Elle n'avait vraiment pas envie de parler à ces deux-là, surtout qu'elle ne les connaissait pas, mais elle devait faire un effort pour que cette mission se passe au mieux, sans aucun problème. Elle tourna donc de nouveau son regard vers eux et fit un grand effort pour commencer à parler.

« Je suppose que nous allons faire la mission ensemble... Je m'appelle Misaki Teshiwara. Enchantée »

Elle parlait calmement et de manière posée. Elle les observa tout aussi calmement, ils semblaient eux aussi se sentir trahi par le fait qu'ils doivent faire la mission à plusieurs. Après quelques minutes, le majordome prit la parole depuis sa place, au volant.

« Mon employeuse est navrée de ne pas vous avoir prévenu que vous seriez plusieurs, mais elle avait peur que personne n'accepte si elle prévenait que la mission avait été envoyée dans plusieurs endroits. Elle remet sa vie entre vos mains »

Il avait parlé d'une voix qui montrait qu'il était vraiment inquiet pour sa maitresse, du moins c'est ce qu'avait deviné la jeune femme et elle était quasiment sûre de ne pas se tromper. Elle ne répondit cependant pas à ces paroles, se contentant de croiser les bras sous sa poitrine et de fermer les yeux.

Et une personne de plus ! Comme on dit, "jamais deux sans trois". Surtout qu'en elle-même, cette jeune fille n'avait pas une aura magique phénoménale, mais elle était quand même bien au-dessus d'Hector en question de puissance.
Alors qu'il s'apprêtait à soupirer, elle s'adressa au dénommé Alaric et à Hector:

-Je suppose que nous allons faire la mission ensemble... Je m'appelle Misaki Teshiwara. Enchantée

Au moins, elle avait l'air de savoir se tenir, mais cela n'empêcha pas le rouquin de se demander si ils allaient pouvoir réussir cette mission. Surtout que le mage avait un mauvais pressentiment au sujet de Blade, comme si il se souvenait de quelque chose.
Enfin bref, ils allaient pouvoir partir et Hector n'en était que plus impatient d'arriver, surtout qu'il devait y avoir encore une bonne heure de route et qu'il commençait à crever de faim.
Le voyage fut silencieux tout le reste du trajet et, pendant qu'il regardait le paysage défiler devant ses yeux, le jeune homme commença à somnoler.
Alors que la voiture approchait de Crocus, le mage commença à se réveiller et admira l'immense ville qui se dressait devant eux. C'était la première fois qu'Hector voyait la capitale de Fiore et, malgré les apparences, il était émerveillé.
La voiture s'arrêta au détour d'une rue donnant sur une énorme bâtisse qui faisait penser à une palais vu son immensité et sa beauté.
Le majordome s'adressa à eux :

- Je vous laisse devant la demeure de madame, continuez sans moi, je vais acheter les ingrédients pour le dîner de ce soir.

Descendant de la voiture, Hector continua sans se soucier que les deux autres le suivaient et sonna à la porte. Une jeune servante vint lui ouvrir et lui demanda quelles étaient les raisons de sa venue. Le mage répondit alors :

-Nous sommes les mages convoqués par votre employeuse pour la quête. Il lui montra l'ordre de mission. Puis-je entrer ?

Sur ce, l'employée le laissa passer et lui indiqua le bureau.
Entré dans le bureau, le mage laissa échapper un sifflement d'admiration devant l'immensité de la pièce. Ce bureau était carrément un centre d'archives tellement il était grand et fourni en dossiers, livres et documents officiels.
Une jeune femme d'environ une vingtaine d'années vint à sa rencontre et lui déclara :

-En effet, il y a de quoi être impressionné la première fois. Je me présente, Mary Hyliana. Je suis celle qui vous a convoqué et celle que vous devrez protéger demain soir. Je n'ai pas vraiment le temps de vous parler tout de suite car je suis un peu occupée. Je vous expliquerai votre quête un peu plus en profondeur ce soir, au dîner. Elle lui tendit une enveloppe. Toutes les informations sur la maison, sur la chambre où vous allez dormir et les informations supplémentaires sur la mission sont écrites à l'intérieur, j'espère que vous réussirez.

Bon, ok, c'était plutôt chaleureux comme accueil mais bon, du moment qu'il réussissait sa mission, ça lui suffisait. Cette femme était d'une grande beauté. Ses cheveux blonds qui étaient attachés en queue de cheval et qui lui tombaient jusqu'au bas du dos s'accordaient très bien avec ses yeux couleur d'émeraude. Elle avait un fort accent bourgeois qui avait un peu surpris Hector. De plus, elle s'habillait avec des vêtements qui avaient l'air de valoir une fortune.
Sortant dans le couloir, il croisa les deux autres mages et leur annonça tout en continuant de marcher :

--Vous attendez pas à ce qu'elle s'occupe de vous pendant plus de cinq minutes...

Le plan du bâtiment était très précis et on ne se perdait pas. Hector entra dans sa chambre et là, il en resta bouche bée. Cette chambre était presque aussi grande que la maison qu'il avait habité avait de rejoindre le monastère (un chalet, hein).
Il y avait une salle de bain, et un lit immense rien que pour lui. Un lustre était accroché au plafond et rendait magnifiquement bien dans cette pièce. Il y avait également une cheminée gigantesque et richement décorée.
La fenêtre était presque aussi haute que le mur et disposait d'un coin où s'asseoir pour profiter de la vue.
Jetant son sac sur son lit, le mage prit le papier concernant la mission et commença à le lire. À la fin, il comprit qu'il faudrait employer des mesures radicales pour contrer "Blade aux griffes d'acier".

Trois personnes rien que ça. Où ce mage était sacrément puissant, ou cette femme riche avait quelques problèmes psychotiques. Enfin cela n'était pas vraiment un problème en soi, affronter un mage renégat n’avait rien de simple lorsque l’on était seul pour le faire. Donc rétrospectivement, le fait de partager cette mission à trois n’avait rien de gênant. Il s’assit donc bien gentiment dans la calèche et ne manifesta pas la moindre trace du mécontentement teinté de surprise qui l’avait saisi à peine quelques minutes plus tôt. D’ailleurs, il n’avait même pas encore pris le temps de regarder la nouvelle arrivante, une jeune femme portant la marque de Lamia Scale. Très réjouissant en somme. Parfaitement impassible, le visage neutre et sans expression, elle se présenta formellement et sommairement :

« Je suppose que nous allons faire la mission ensemble... Je m'appelle Misaki Teshiwara. Enchantée »

On sentait bien que quelque part, ces quelques mos lui avaient coûté, chose qu’Alaric comprenait aisément ; ne se séparait pas du silence qui le voulait. C’était en effet un ami et une arme redoutable dans presque toutes les situations. Le mage de Blue Pegasus lui fut cependant reconnaissant de ce premier pas en faveur d’une cohésion de groupe qui serait primordiale à la réussite de la mission. Et répondit de même -avec toutefois légèrement plus de chaleur dans sa voix-

« Enchanté également. Je me nomme Alaric Eldar. »

Puis il s’enferma dans un mutisme absolu, abîmé dans une contemplation rêveuse de la route qui menait à Crocus. Semblant sentir la tension assez palpable qui régnait encore dans l’air derrière lui, le majordome se tourna dans la direction des trois mages et leur offrit son plus beau sourire contrit en réserve, franchement pas une réussite mais il faisait déjà un énorme effort, ce qui était appréciable.

« Mon employeuse est navrée de ne pas vous avoir prévenu que vous seriez plusieurs, mais elle avait peur que personne n'accepte si elle prévenait que la mission avait été envoyée dans plusieurs endroits. Elle remet sa vie entre vos mains »

Là les choses devenaient intéressantes. Cette femme craignait énormément pour sa vie, assez en tout cas pour la confier à trois mages qui n’avaient sans aucun doute aucune expérience du travail en équipe en dehors de leur propre guilde…à supposer que le garçon aux cheveux flamboyants qui se tenait à côté d’Alaric en ait bien une, ce dont il commençait à douter fortement. Imitant ses deux compagnons, il ne répondit pas à ce qui n’était somme toute qu’une vague excuse pour justifier sa conduite, bien qu’elle soit empreinte d’une sincère inquiétude pour la maîtresse de ce brave homme. A la différence qu’il s’autorisa tout de même un hochement de tête perceptible histoire de le tranquilliser. Non, aucun d’entre eux ne lui ferait faux bon, cela il pouvait y compter. A nouveau

Alaric se laissa emporter au loin par le défilé incessant des paysages sous ses yeux et il rêva en son for intérieur que se voyage ne s’achève jamais. Malheureusement, toutes les bonnes choses ayant une fin, celle-ci n’y fit pas exception et ils arrivèrent bientôt en vue de Crocus. Mais en pénétrant dans la ville la plus prospère du royaume, le mage aux cheveux indigo ne regretta pas du tout que ce voyage soit terminé tant il y avait sous ses yeux de merveilles à observer. Tant de ravissement s’offrait au regard d’un jeune novice à peine sorti de la petite ville de campagne que figurait Clover face à une telle majesté, tant de légèreté semblait émaner des habitants, des bâtiments eux-mêmes que c’en était proprement saisissant. Mais le meilleur n’était pas encore venu et il n’allait pas tarder fort heureusement. Ils arrivèrent enfin au manoir de cette fameuse dame (ou plutôt damoiselle mais à ce niveau ce n’était pas bien grave) Hyliana. Il fallait bien se l’avouer, bien peu de mots existaient qui pouvaient qualifier en tel agencement de richesse et d’harmonie spatiale, aussi le jeune homme se contenta-t-il de rester silencieux, fixant bouche bée ce spectacle à se damner. La voix du majordome l’arracha à sa contemplation révérencieuse, pressée et soulagée à la fois :

- Je vous laisse devant la demeure de madame, continuez sans moi, je vais acheter les ingrédients pour le dîner de ce soir.

En d’autres termes, ils avaient quartier libre pour dévorer des yeux cet immense endroit…en tout cas jusqu’au soir. Cependant, le mage aux cheveux de flammes ne lui en laissa pas l’occasion. Apparemment bien décidé à entrer au plus vite, il oublia bien vite ses deux compagnons de voyage pour se diriger d’un pas décidé vers l’entrée de la demeure et s’adressant à une servante, lui annoncer assez abruptement

-Nous sommes les mages convoqués par votre employeuse pour la quête.

Il dût prendre conscience de sa bévue, ou juste avoir présenté e papier attestant qu’il était bien ce qu’il prétendait, car il lança quelques secondes après d’une voix où la réserve reprenait ses droits :

Puis-je entrer ?

Elle lui ouvrit avec empressement et il se hâta à son tour d’entrer, forçant quelque meu la, main aux deux autres mages. Alaric se tourna vers la dénommée Misaki et lança simplement :

« Tu viens ? »

Certain qu’elle avait elle aussi compris que l’heure était venue d’entrer, il emboîta donc le pas à son coéquipier dont il ne connaissait toujours pas le nom et fit un signe de la tête à la servante avant d’entrer dans la propriété. Une autre servante vint le trouver pou le guider au bureau de la maîtresse des lieux, l’autre mage s’y trouvait déjà apparemment. Trouvant un siège non encore occupé, Alaric s’y installa confortablement et attendit donc patiemment que cette demoiselle Hyliana ait fini avec son équipier, quoiqu’il aurait sans doute été moins pénible de leur parler tous ensemble. Mais bon cela n’avait au fond rien de bien grave.

Quelques minutes lus tard, l’autre mage sortit du bureau, visiblement satisfait, encore que son visage exprimât une très légère contrariété, sans doute aurait-il voulu rester un peu plus longtemps avec cette dame de haute noblesse. Et en effet, il lança à la cantonade :

-Vous attendez pas à ce qu'elle s'occupe de vous pendant plus de cinq minutes..

Au moins ils étaient prévenus. La porte restée ouverte semblait inviter la mage de Pegasus à entre, ce qu’il ne se priva pas de faire. La pièce spacieuse mais sobre n’avait rien de vraiment transcendantal bien que dégageant immanquablement un certain goût du luxe. Face à lui se tenait une ravissante jeune femme vêtue d’une robe légère, un impératif avec la température qui régnait en cette journée. Un sourire amusé se peignit sur son visage lorsqu’elle remarqua le regard presque enfantin du mage.

« Vous êtes le deuxième mage à ouvrir de tels yeux en entrant dans ma propriété, je dois avouer que cela me surprend u peu, vos guildes ne présentent-elles pas le même raffinement ? »

Avec un sourire, Alaric répondit à la question plus que curieuse de son interlocutrice. Etaient-ce là les cinq minutes annoncées par son équipier aux cheveux roux ?

« Eh bien je dois vous avouer, mademoiselle, qu’elles font bien pâle figure devant votre demeure. D’où nos regards ébahis. Mais j’ai cru comprendre que vous aviez très peu de temps devant vous ? Peut-être pourriez-vous nous indiquer l’endroit où nous pourrons nous reposer ?»

Apparemment ravie de ne pas poursuivre cette conversation sur la richesse, elle s’empressa de lui répondre :

« Oui vous avez raison, je n’ai pas énormément de temps devant moi malheureusement. Je vous expliquerai donc tous les détails de votre mission plus tard sans doute. En attendant vous pouvez choisir n’importe quelle chambre d’ami pour vous reposer et vous êtes évidemment libre de circuler à) votre guise. Je suis heureuse que vous ayez accepté cette mission »

Sur un ultime échange de politesses, ils se séparèrent et Alaric s’éloigna en direction des jardins intérieurs, la seule partie de la résidence qui l’intéressait vraiment.

Durant tout le trajet, la jeune femme était restée totalement calme et quasi-stoïque aux paysage qui défilaient devant ses yeux. C'était beaucoup de campagne, comme souvent autour des grandes villes, il y avait beaucoup de champs pour subvenir aux besoins de la ville. Ce fut donc après de nombreuses heures de route, où en tout cas ce qui pour Misaki était l'équivalent de plusieurs heures de route, qu'ils arrivèrent enfin au manoir de leur cliente, mademoiselle Hyliana.

La jeune femme eut le temps de détailler les jardins quand la voiture s'engouffra entre deux grandes portes en fer forgé pour ensuite se diriger vers la porte principale de la demeure. Ces jardins étaient immenses, jamais la jeune mage n'en avait vu d'aussi grand de toute sa vie, même le parc où elle allait étant jeune n'était pas aussi grand que ça. Il n'y avait aucun doute quant à la fortune de leur cliente, ce jardin et ce manoir en étaient la preuve. Ils finirent par arriver devant un petit escalier menant à la porte d'entré.

« Je vous laisse devant la demeure de madame, continuez sans moi, je vais acheter les ingrédients pour le dîner de ce soir. »

Elle descendit la dernière de la voiture et regarda un peu autour d'elle. Elle n'avait pas réellement envie de se promener dans ses jardins, un tel luxe la mettant mal à l'aise, elle qui venait d'une famille modeste. Elle observa pourtant ces jardins, ils avaient un aménagement bien particulier qui attirait le regard, c'était très astucieux. Elle ne prêta donc pas attention aux paroles que pouvaient échanger les deux autres mages avec elle. Elle fut sortit de ses pensées lorsqu'elle entendit l'un des mages s'adresser à elle.

« Tu viens ? »

La jeune femme se tourna alors vers lui et hocha la tête avant de leur emboiter le pas. Elle salua de la tête la servante qui se trouvait prête de la porte puis elle marcha dans les couloirs de cet immense manoir, suivant les deux jeunes hommes devant elle ainsi que la servante qui les guidait, c'était sûrement mieux, sinon ils se seraient sûrement perdu. En arrivant devant le bureau, ils furent informer qu'ils rentreraient un par un, Misaki trouva cela un peu étrange, mais elle ne s'en préoccupa pas vraiment. Elle imita le mage de Blue Pegasus et alla s'installer sur l'un des sièges présents dans le couloir.

Elle attendit quelques minutes avant que le premier mage à être entré, celui aux cheveux roux, sortit de la pièce. Elle ne bougea pas de sa place et ne l'écouta que vaguement, entendant qu'apparemment, leur hôtesse n'avait pas beaucoup de temps à leur accorder. Elle laissa le mage aux cheveux bleus y aller avant elle, après tout, elle n'était pas pressée et qu'importe le temps qu'elle attendait, cela reviendrait au même puisque après elle devrait attendre l'heure du diner et elle ne savait pas quoi faire dans cette immense demeure. Elle irait sûrement lire quelque chose dans la chambre qui lui serait accordée ou dans la bibliothèque.

De nouveau quelques minutes après, le mage sortit de la pièce, elle se leva à ce moment et se dirigea vers la porte, ne lui parlant pas et il ne lui parla pas non plus. Elle entra et regarda la jeune femme qui se trouvait là, sûrement la maîtresse de maison et leur cliente. Misaki devait avouer que c'était une belle femme habillée en conséquence du temps qu'il faisait et avec un air noble, il n'y avait pas de doute, il s'agissait de la propriétaire des lieux, cela se voyait tout de suite. Elle observa les lieux qui étaient d'une grande richesse, comme le reste du manoir, cela n'étonna donc pas la jeune femme qui resta totalement indifférente à de telle marque de richesse.

« Vous ne semblez pas surprise, c'est bien la première fois que je vois ça. Vous avez l'habitude de tout ceci ? »

« Pas vraiment, mais tout le reste du manoir est ainsi, je ne suis donc pas surprise... »

Elle vit Hyliana sourire un peu puis reprendre rapidement un air sérieux. C'était vrai, elle n'avait pas gardé les deux autres très longtemps, elle n'avait donc sûrement pas beaucoup de temps à accorder à une jeune femme comme elle.

« Je n'ai malheureusement que peu de temps à vous accorder. Les détails de la mission vous seront fournis lors du repas de ce soir. J'ai fait préparer une chambre d'ami également, une des servante va vous y conduire. Si vous avez besoin de quoi que ce soit demandez »

La jeune femme hocha la tête avant de la remercier et de sortir de la pièce. À l'extérieur, une servante attendait, cette dernière s'inclina poliment en voyant Misaki puis lui fit signe de la suivre. La jeune femme se mit donc à marcher derrière cette personne. La servante s'arrêta finalement devant une porte qu'elle ouvrit et laissa la jeune mage de Lamia Scale entrer.

La jeune femme regarda alors cette chambre, spacieuse, elle devait être aussi grande que sa maison à Oak. Elle remercia la servante puis ferma la porte. Elle alla vers le grand lit et posa son sac dessus.. Elle sortit ses affaires qu'elle alla ranger dans la grande armoire vide à sa disposition puis prit le livre qu'il y avait dans le sac et le posa sur la table de chevet. Elle observa ensuite cette chambre, bien trop grande pour elle, mais elle allait faire avec.

Elle s'installa au final sur le lit, assise en tailleur, elle prit son livre et commença à lire calmement pour faire passer le temps jusqu'à l'heure du repas. Après plusieurs heures, la jeune femme se leva et reposa son livre sur la table de chevet avant de se diriger vers la porte. Une fois dehors, elle marcha dans les couloirs en cherchant un endroit où trouver une servante qui pourrait la conduire à la salle à manger, elle était totalement perdue dans cet endroit. Quand elle trouva enfin quelqu'un, elle fut emmenée à la salle à manger. Ses deux compagnons n'étaient pas encore arrivés et la jeune femme s'installa donc seule à la grande table, attendant patiemment l'arrivée des deux autres.

Le reste de l'après-midi fut extrêmement calme, ce qui permit à Hector de se reposer et d'explorer la maison plus en profondeur.
Il découvrit notamment la bibliothèque remplie d'ouvrages variés tous plus intéressants les uns que les autres. Le mage remarqua alors un majordome un peu plus jeune que celui qui les avait conduit ici. Celui-ci était en train de dépoussiérer une vieille rapière, mais bizarrement, il ne touchait pas à la garde. Le jeune homme, plutôt curieux de voir une épée si étrangement entretenue, interrogea l'employé.

-Pardonnez-moi, je sais qu'il est important de bien entretenir une lame mais pourquoi ne vous occupez-vous pas de la garde...surtout qu'elle est magnifiquement ornée.

L'homme, d'environ trente ans, lui répondit très poliment.

-Vous devez être un des mages chargés de la mission...Voyez-vous, vous allez devoir protéger mademoiselle demain soir, mais également cette épée. Elle a reçu un enchantement très puissant qui fait que si un mage touche la garde, il arrive non seulement à voir ce que le futur lui réserve, mais aussi à quoi ressemblera sa magie au paroxysme de sa puissance. On raconte aussi qu'autrefois, sa puissance était bien plus grande, mais quelle a été détériorée par de la magie noire. Depuis, aucune personne non-mage ne peut la toucher sans ressentir les effets de cette magie.

Hector fut intrigué par les effets de ce curieux objet et posa sa main dessus.

Flash-Forward:

Hector était comme plongé dans un rêve et se retrouva en train de flotter dans les airs, observant une scène apocalyptique. Des flammes parsemaient un champ de bataille où les corps des mages et des dragons gisaient sur le sol...DES DRAGONS ????!!!
Les humains menaient apparemment une guerre contre les dragons. Il remarqua les marques des différentes guildes qui étaient toutes liguées contre ces monstres qui ravageaient le champ de bataille de leur puissant souffle.
Parmi les mages présents, il y avait des mages noirs, des mages légaux et des mages solitaires ainsi que des membres du conseil.
Tout à coup, il observa une bataille extrêmement violente qui opposait un dragon de métal à un démon à six bras et à une équipe de mages. Hector reconnut alors Ashur, seigneur démoniaque de la colère. Ce démon était un être de la mythologie, une pure légende, mais pourtant il était là, déchaînant les flammes de son mantra de la colère sur ce dragon qui l'écrasa d'une seule patte. C'est alors que, soulevant le bras du dragon ses quatre bras gigantesques, le démon devint humain et ce fut le choc, le visage du mage choqua Hector qui revint à la réalité dans un grand flash.

Fin du flash

Le mage roux cligna des yeux et sursauta brusquement, puis recula d'un pas. Puis il balbutia :

-Qu'est-ce...que...comment j'ai pu...

Puis il se retourna et remarqua qu'il avait passé beaucoup de temps dans la bibliothèque avant d'avoir ce flash qui n'avait en réalité duré qu'une seconde. Saluant le majordome, il partit en direction de la salle à manger. Très bien éclairée, elle disposait d'une grande fenêtre par laquelle on pouvait voir un magnifique panorama de Crocus.
Voyant son hôte et la mage de Lamia Scale à table, il s'assit et annonça :

-J'ai une question à vous poser : qu'est-ce que vous faites avec une épée aussi puissante chez vous ? Elle devrait être confiée au conseil magique.

Un bel endroit que ces jardins intérieurs, presque plus paradisiaque que la demeure tout entière. Presque seulement, car il y avait malgré tout un léger bémol, une ombre dans ce tableau si parfait. Alors qu’il aurait dû être absolument désert, tel un havre naturel esseulé, le jardin était encore minutieusement entretenu par toute une pléthore de jardiniers affairés sur des haies qu’ils taillaient de manière, certes esthétique, mais extrêmement agaçante pour Alaric. Il ne dit cependant pas un mot et se contenta de marcher lentement vers celui qu’il considérait comme le seigneur de ces lieux. Un vieux chêne aux allures de titan semblait veiller sur les lieux, ses branches courbées par le poids des années portant toujours vaillamment leurs fruits. Seigneur parmi les seigneurs, seul rescapé d’un passé qui remontait à sans doute beaucoup plus loin que ce domaine. L’arbre qui cachait la forêt dans ses racines. Adossé contre le tronc massif, Alaric réfléchissait en observant le ciel azur, Blade…ce nom ne lui disait rien, ne ressemblait même pas à quelque chose de connu. Pourtant, pour une obscure raison, il sentait confusément qu’il lui rappelait quelque chose mais quoi ? Qu’est ce qui pouvait bien le lier à ce mage apparemment noir qui semblait décidé à vouloir tuer dame Hyliana ? Peut-être une forme d’empathie, comme si le jeune homme pouvait percevoir son aura magique frétiller d’excitation macabre et d’un violent désir de sang. Troublante expérience. Le mage ferma les yeux, se laissant gagner par une torpeur subite qui l’emporta vers un monde peuplé de songes étranges et incohérents. Combien de temps resta-t-il ainsi, allongé au pied de ce géant de la nature ? Impossible à dire. En revanche, une main délicate vint se poser sur son épaule et la secoua légèrement.

- Vous êtes un des mages venus pour la mission ? Vous ne devriez pas dormir ici, vos collègues ont déjà regagné leurs chambres. Voulez-vous que je vous montre la vôtre ?

Ah oui, sa chambre. En effet le ciel était plus sombre que lors de son arrivée, il avait bien dû rester assoupi trois heures pour que le crépuscule vienne le trouver toujours contre le même arbre. Réprimant un bâillement indélicat, le mage suivit sans un mot la servante venue le raccompagner au domaine. Sa chambre était spacieuse, à n’en pas douter. Peut-être un peu trop décoré mais il n’allait pas en vouloir à cette dame de vouloir que se invités soient à leur aise. Le mage de Pegasus déposa ses maigres bagages, constitués de quelques affaires de rechange au cas où la mission devrait se prolonger, dans une armoire qu’il espérait prévue à cet effet et s’allongea de tout son long sur le lit matelassé. Maintenant, l’attente restait encore la moins mauvaise solution pour passer le temps. Encore que, sur ce point, le jeune mage commençait à douter, la bibliothèque et son impressionnante collection de livres exerçaient sur son esprit une fascination à nulle autre pareille et ce même s’il n’y était jamais entré. Logiquement donc, il n’allait pas rester couché ainsi longtemps. Un bref coup d’œil à la fenêtre lui indiqua qu’il disposait encore de deux heures avant le coucher du soleil…et donc l’heure du souper où il en apprendrait un peu plus sur cette fameuse mission et ce Blade. Entre temps…eh bien pourquoi ne pas aller satisfaire l’appel dévorant de l’imaginaire et des mots ?

Immense. Le premier mot qui venait à l’esprit était celui-là. Cette pièce était une immense réserve de livre, un puits sans fond où semblait s’enfoncer toute la connaissance du monde compactée en ouvrages volumineux et richement enluminés. Pour un peu, Alaric en aurait bavé d’envie. Comment choisir un livre dans un tel endroit ? Car il était bien question de se décider à lire un de ces gardiens immobiles du savoir de centaines de générations d’humains. Mais alors que son bras se tendait vers un livre à la couverture décorée d’un lys d’or, il aperçut du coin de l’œil le mage aux cheveux rouges qui sortait et esquissa un sourire. Ainsi ils avaient tous deux eu la même idée ? Cela n’avait rien d’étonnant. Son sourire s’effaça dès qu’il vit le regard fixe et le teint livide d son partenaire, quelque chose semblait l’avoir troublé dans cet endroit, quelque chose de manifestement dangereux. Mais au point qu’il soit aussi inexpressif, ce devait être sacrément important. Suivant la direction d’où il était venu, Alaric arriva devant un homme dans la force de l’âge tenant entre ses mains une rapière à la garde usagée. Cette arme semblait banale, elle ne dégageait même aucune aura particulière, pourtant, quelque chose mettait Alaric mal à l’aise quand il la regardait. L’homme remarqua son trouble et leva un regard d’acier vers lui. Ces yeux transpiraient la force inébranlable de celui qui a vécu l’enfer et en est ressorti, des yeux de guerrier et de conquérant. Incroyablement limpides. Ce n’était qu’un majordome, pourtant Alaric sentit son estime pour cet homme grimper en flèche à un niveau au-delà de la normale. Puis il reporta son attention sur l’arme que tenait son vis-à-vis. Plus li la contemplait et plus le jeune homme pouvait sentir qu’elle avait quelque chose de particulier. Un sourire étira les lèvres du majordome, comme s’il avait anticipé cette réaction de la part du mage qui tenait un livre entre les mains. Il prit la parole calmement

- Surprenante arme n’est-ce pas ?
- Vous pouvez le dire, murmura Alaric. Qu’a-t-telle donc de si spécial ?

Le sourire de l’autre s’élargit légèrement, apparemment, il avait également attendu de son jeune interlocuteur qu’il soit aussi observateur.

- Je l’ai déjà dit à ton ami qui vient de partir mais cette arme est au moins aussi importante que la vie de dame Hyliana, vous devrez les protéger toutes les deux.
- Je ne suis pas beaucoup plus avancé…
- Cette rapière est une arme divinatoire utilisée du temps du grand mage noire Zeleph lui-même, elle permet à tout mage qui en touche la garde d’apercevoir le futur ainsi que l’évolution de son propre pouvoir magique. Posséder une telle arme est dangereux, mais la laisser entre les mains d’individus tels que ce « Blade » l’est encore plus. Puis-je compter sur vous deux ?

Alaric ne répondit pas, le simple durcissement de son regarde avait suffi au majordome guerrier. D’un coup il comprenait pourquoi l’autre mage avait ce visage inexpressif quelques minutes plus tôt, il avait touché la garde de la rapière. Et au fond, lui aussi en avait envie, ne serais-ce que pour savoir quel était son véritable potentiel magique. Seulement, il savait qu’approcher de trop près la trame du temps pouvait être néfaste et ne payait jamais. Réfrénant sa curiosité, il salua l’homme et le laissa abîmé dans la contemplation de cette relique d’un autre temps qu’il leur fallait désormais protéger. Son livre toujours dans les mains, le mage aux cheveux indigo réintégra ses quartiers, son livre sous le bras. Un peu de lecture devrait lui permettre d se relaxer un peu en attendant le repas et les inévitables questions qu’il soulèverait telles que : comment cette noble était-elle entrée en possession d’un artefact aussi puissant ? Beaucoup d’interrogations qu’il leur faudrait élucider avant de pouvoir réellement commencer cette mission. D’un seul coup Alaric eût la nette sensation que cette mission ne serait pas du tout de tout repos.

Quand vint l’heure du dîner, une servante l’accompagna dans l’immense salle à manger, décidément immense était bien le seul mot pour la qualifier et il y vit ses deux coéquipiers déjà assis ainsi que la maîtresse de maison qui semblait plutôt inquiète…et avec raison, car elle aurait à expliquer beaucoup de choses à ses trois gardes du corps. Grillant une nouvelle fois toute politesse, me mage roux lança à brûle-pourpoint :

-J'ai une question à vous poser : qu'est-ce que vous faites avec une épée aussi puissante chez vous ? Elle devrait être confiée au conseil magique.

Rude entrée en matière mais elle correspondait exactement aux interrogations d’Alaric qui se permit de préciser :

- Nous avons découvert cette arme étrange dans votre bibliothèque et il est vrai que quelqu’un de votre statut ne devrai pas se trouver en sa possession…pourriez-vous nous expliquer ?

La jeune femme soupira lentement, comme si elle aurait voulu éviter tout ceci, sauf qu’elle ne pouvait plus désormais, la curiosité des deux mages avait, semble-t-il mit à mal son plan de départ. Elle n’en laissa cependant rien paraître et commença son explication :

- Je ne peux malheureusement vous raconter tous les détails car je les ignore. Cependant sachez que c’est mon père qui a récupéré cette arme sur le corps d’un mage errant grièvement blessé il y a trente ans de cela. Depuis notre famille la protège et veille à ce que personne de mal intentionné ne tente de s’en emparer. Mais ce Blade a juré ma mort si je ne la lui remettais pas et devant une telle situation je n’ai pas eu d’autre choix que de vous appeler tous les trois. Pardonnez-moi si vous avez été dupés mais c’était notre seule solution…depuis qu’il engage des mercenaires pour détrousser mes messagers.

Alaric soupira, cette aventure s’annonçait encore plus serrée qu’il ne l’avait imaginé, peut-être même la plus serrée qu’il ait à affronter depuis un long moment. Rivant son regard de nuit à celui de la noble dame, il dit calmement :

- Nous ne pouvons plus ignorer votre détresse et ne comptions de toute façon pas le faire, vous pouvez compter sur notre aide, nous vous protégerons vous et l’épée…si en échange vous la remettez au Conseil magique, il n’y aura pas toujours des mages prêts à vous aider à la protéger de tous ceux qui chercheront à s’en emparer.

La jeune femme avait attendu quelques minutes, assise en silence, avant de voir arriver l'un de ses camarades. Il s'agissait du mage roux. Elle le regarda entrer et s'installer tout en restant silencieux. Durant quelques minutes supplémentaires, les deux mages restèrent seuls, sans s'adresser la moindre paroles, seul le tic-tac de l'horloge brisant ce silence plus ou moins tendu entre eux. En entendant une porte s'ouvrir sur le côté, elle ne bougea pas et attendit quelques instants avant de tourner la tête vers le nouvel arrivant et vit la maîtresse de maison entrer. Elle la salua d'un geste poli de la tête puis elle tourna de nouveau la tête pour regarder devant. À peine la nouvelle arrivante fut-elle installée que le dernier mage venu ici, entra dans la pièce. Il s'installa également puis le roux entama la discussion.

- J'ai une question à vous poser : qu'est-ce que vous faites avec une épée aussi puissante chez vous ? Elle devrait être confiée au conseil magique.
- Nous avons découvert cette arme étrange dans votre bibliothèque et il est vrai que quelqu’un de votre statut ne devrai pas se trouver en sa possession…pourriez-vous nous expliquer ?

La jeune bleue ne comprenait pas vraiment toute l'histoire, mais elle voyait que ceci semblait gêner la femme qui les avait convoqués. Cela devait donc être vraiment important. Enfin, le fait que ce soit important la jeune femme l'avait comprit avant de voir la réaction de leur hôte. Plusieurs questions se bousculaient alors dans son esprit. Qu'est-ce qu'un objet magique puissant faisait ici ? Le conseil magique les avait tous récupérés normalement... Cette femme devrait suspecte aux yeux de Misaki. Elle l'écouta cependant se justifier.

- Je ne peux malheureusement vous raconter tous les détails car je les ignore. Cependant sachez que c’est mon père qui a récupéré cette arme sur le corps d’un mage errant grièvement blessé il y a trente ans de cela. Depuis notre famille la protège et veille à ce que personne de mal intentionné ne tente de s’en emparer. Mais ce Blade a juré ma mort si je ne la lui remettais pas et devant une telle situation je n’ai pas eu d’autre choix que de vous appeler tous les trois. Pardonnez-moi si vous avez été dupés mais c’était notre seule solution…depuis qu’il engage des mercenaires pour détrousser mes messagers.

Elle resta un instant muette, ici expliquait mieux pourquoi elle avait demandé l'aide de trois mages, pourtant elle restait tout-de-même suspicieuse quand au début de l'histoire, comment un mage errant avait-il pu obtenir un objet magique d'une telle puissance ? Et s'ils avaient l'objet depuis autant de temps comment cela ce faisait-il qu'il ne soit réclamé que maintenant ?

- Nous ne pouvons plus ignorer votre détresse et ne comptions de toute façon pas le faire, vous pouvez compter sur notre aide, nous vous protégerons vous et l'épée...si en échange vous la remettez au Conseil magique, il n'y aura pas toujours des mages prêts à vous aider à la protéger de tous ceux qui chercheront à s'en emparer.
- C'est notre travail, nous devons vous protéger. Je m'occuperais donc de votre protection, même si les conditions demandées par mon collègues ne sont pas respectées. Je me plierais simplement à ce qui était prévu au départ.

La jeune femme avait parlé de sa voix calme et posée habituel. Leur mission consistait à protéger cette dame, à rien d'autre, elle ferrait donc uniquement ceux pour quoi elle était payée. Le reste ne les regardait pas. Après tout si elle se faisait de nouveau attaquer, ce serait uniquement de sa faute, elle avait été mise en garde contre ceci. Elle n'ajouta rien ensuite, laissant les autres parler entre eux. Elle avait prit sa décision et s'y tiendrait.

Quelques instants plus tard, les portes furent grandes ouvertes et des majordomes entrèrent, portant chacun une assiette sous cloche. Ils s'approchèrent et posèrent les assiettes devant chacun des personnes installées à table avant de soulever en même temps les cloches. Une délicieuse odeur s'échappa alors de chaque assiette. Les plats étaient très bien décorés et présentés, cela ressemblait un peu à la présentation des plats dans les grands restaurants. Elle souhaita alors un bon appétit à voix basse puis elle prit ses couverts et commença à manger.

Elle mangeait calmement écoutant les discussions, mais n'y participant pas, elle ne voyait pas d'intérêt à celles-ci. La jeune femme n'était pas très sociable quand elle ne connaissait pas les gens, puis elle n'avait pas vraiment envie de se lier à eux, elle ne les reverrait sûrement jamais après cette mission. Après plusieurs minutes et alors que le repas se passait normalement, avec les plats qui défilaient devant eux, ils commencèrent tous à partir, chacun leur tour, la jeune femme se leva donc et partit vers sa chambre.

Elle entra dans cette dernière et alla vers son sac. Elle prit sa chemise de nuit ainsi que des et elle alla dans sa salle de bain. Elle se déshabilla et déposa ses affaires dans un coin avant d'entrer dans la douche et de mettre l'eau à couler. Elle resta un instant sous l'eau, se détendant petit à petit. Après quelques minutes, la jeune femme sortit de la douche et s'enroula dans une serviette. Elle se sécha puis mit sa chemise de nuit. Elle mit sa serviette à sécher puis prit ses affaires sales et les remit dans son sac. Elle s'installa de nouveau sur son lit avec son livre entre les mains et elle se remit à lire.

Au bout d'une heure, la maison était plongée dans un silence de mort, les majordomes et servante passant en silence dans les couloirs, de temps en temps leur pas se faisaient entendre. C'était calme et reposant, la jeune femme aimait bien cette ambiance. Au bout d'un moment elle entendit un bruit sourd dans le couloir, elle se leva alors rapidement et sortit dans le couloir. Elle regarda autour d'elle en restant très prudente et elle se mit à marcher calmement, silencieusement et prudemment. Elle tourna au bout du couloir, il n'y avait personne. Elle se demandait ce qui avait pu se passer. Elle fit alors demi-tour et prit le couloir en sens inverse. Elle arriva rapidement à l'autre bout du couloir et tourna. Elle vit alors un jeune majordome qui ramassait quelque chose qu'il avait fait tomber. Ce n'était que ça.

Elle se pencha alors et l'aida à ramasser en silence. Quand ce fut fait, il la remercia et repartit. La jeune femme fit alors demi-tour et retourna dans sa chambre. Elle trouvait tout ceci de plus en plus étrange. Elle pensait de plus en plus que l'un des majordomes devait être lié à ce Blade qui menaçait leur cliente. En entrant dans sa chambre, elle réfléchit un peu plus à toute cette histoire. Tout ceci était un peu étrange pour elle, surtout depuis que l'objet magique avait été trouvé par ses deux compagnons. Leur cliente devait vraiment être inconsciente pour l'avoir gardé aussi longtemps.

Elle retourna alors sur son lit et regarda l'heure, il était assez tard, elle décida donc de se coucher histoire d'être forme pour le lendemain.

Apparemment rassurée par la décision des mages de l'aider malgré les circonstances exceptionnelles de leur mission, la maîtresse de maison fit servir les plats qui, s'ils étaient somptueusement présentés et dégageaient un fumet agréable à l'odorat, ne parvenaient malheureusement pas à distraire Alaric de ses soucis concernant cette mission qu'il jugeait trop peu conventionnelle pour n'être qu'une banale demande de protection. Il devait y avoir anguille sous roche, mais aucun des trois mages qui devaient actuellement se faire cette réflexion n'émit le moindre soupçon et le dîner se poursuivit sans autre forme de procès. Mais à présent, l’immense demeure n’était plus l’endroit tranquille où les mages pouvaient se préparer à assister à ce fameux gala, cette soirée l’avait muée à la fois en une sorte de bastion renforcé protégeant une très ancienne relique et en une immense cellule où chaque servante, chaque visage pouvait dissimuler des informations capitales. Et cette atmosphère oppressante avait de quoi pousser les esprits à imaginer les pus fantasmagoriques des situations. Il fallait vite trouver un moyen de s’éclipser de cette pièce exiguë malgré ses dimensions et réfléchir avec les deux autres à cette étrange situation.

Enfin, évidemment c’était plus facile à dire qu’à faire ; les domestiques semblaient s’être donné le mot et faisaient défiler une telle quantité de mets qu’on pouvait à peine se décider à en choisir un. Une débandade totale de luxe gastronomique qui n’était pas pour plaire aux trois comparses rompus de fatigue par leur long trajet.  Quitter la table demanda donc un brin d’habileté toute diplomatique composée essentiellement de commentaires mielleux sur la grande variété de plats et leur excellente qualité, après quoi, enfin apte à lire l’épuisement des mages, la noble dame se leva enfin, signe qu’il était temps de regagner ses appartements. Pour un peu, Alaric aurait pu la bénir tant il avait attendu ce mouvement. Son assiette à peine entamée, il se leva et quitta la table, pressé de se retrouver dans une atmosphère plus sereine pour réfléchir. Dans les couloirs déserts, le silence avait établi sa loi absolue et le mage aux cheveux indigo progressait avec une allégresse croissante vers sa chambre, une petite libération qui ne consisterait pour l’instant que sa seule source de joie véritable.

Car à peine affalé sur son lit, il recommença à s’interroger. Quel était le lien entre ce Blade et dame Hyliana ? Comment son père, si elle n’avait pas menti, avait-il pu entrer en possession de pareil artefact ? Tant de questions sans réponses, tant de mystères non résolus. Mais dehors, le ciel sombre s’était paré de son habituel manteau d’étoiles, la nuit invitait à la réflexion mais surtout, à la curiosité et parlant de ça, l’image du livre emprunté à la bibliothèque revint hanter l’esprit d’Alaric. Tendant la main, il s’en saisit et contempla la première de couverture, magnifiquement illustrée et son titre évocateur : Chroniques des Ages Sombres.  Sans attendre, il entama une lecture qui le tiendrait en haleine jusqu’au matin, mais ça il l’ignorait encore. Dès les premières pages, Alaric sut qu’il n’était pas tombé sur un livre ordinaire, les événements étaient étrangement ressemblants à la période où Zelef, le mage noir étendait encore son emprise sur Fiore et les nations voisines. Tout au long de l’histoire, le parcours d’une certaine épée aux propriétés incroyables était retracé jusqu’à l’instant où elle avait atterri dans les mains d’un mage solitaire puis d’un riche commerçant de Crocus.

Aucun doute possible. Il s’agissait bien de l’épée qu’ils étaient censés protéger. Et ce livre qui semblait banal était en fait une sorte d’historique de l’arme, tenu à jour avec soin par un homme méticuleux qui n’avait pas hésité à déterrer le passé pour trouver des traces du sanglant itinéraire de l’arme magique. A la dernière page du livre, figurait une note. Une unique note écrite sur un morceau de papier jauni par les années. La sortant délicatement du livre, le mage en commença la lecture :

« J’ai confié aux magistères le soin de dissimuler le Fléau qui tranche les fils du Temps. Coupé en deux quand jadis, le Grand seigneur du chaos régna sur le monde, il repose dans le sable et la poussière de la mémoire. Oublié, l’antique pouvoir qui façonne les destinées et plus jamais son courroux ne doit se déchaîner. La lame et le fourreau qui portent la marque maudite du sang versé sont confiés aux générations futures. Qui conserveront à leur insu le secret éternel de la sépulture du Destructeur. »

Rien d’autre. A peine ces quelques mots au sens flou qui ne semblaient que suggérer que l’épée possédait un pouvoir dangereux ; ce qui était facilement supposable. Le jeune homme ferma les yeux un moment. Le temps avait laissé libre cours à son flux et dehors, l’aube pointait déjà à l’horizon. Fini le manteau étoilé, à présent, les nuages rivalisaient de teintes colorées dans lesquelles s’abîmait un regard dispersé mais que le mage ne voyait pas. Sous ses paupières closes, les mots du morceau de papier continuaient de danser follement et leur sens lui échappait toujours. Une chose était certaine, l’épée n’était qu’une partie du puzzle. Elle possédait un fourreau. Peut-être était-ce à cause de la nuit blanche passée à lire, ou alors du mystérieux pouvoir cognitif de la rosée du matin, car la solution apparut soudain clairement aux yeux d’Alaric. Blade possédait le fourreau. Mais le fourreau seul ne pouvait pas réaliser son souhait : il lui fallait l’épée. Même si pour cela il était prêt à supprimer des innocents, cette arme, après tout, avait baigné dans le sang de ceux qui la convoitaient et la possédaient tout au long de l’Histoire n’est-ce pas ? Il y avait dans sa quête de pouvoir quelque chose que le passé s’était chargé de justifier : le désir de puissance.

Mais à présent qu’il le savait, Alaric savait également qu’ils n’auraient pas intérêt à prendre l’arme avec eux. Car Blade devait forcément savoir où et comment se tiendrait le gala de charité ; il devait avoir un moyen d’espionner la dame afin de maximiser ses chances de réussite. Mais lequel était-ce ? Une taupe ? Ou plus vraisemblablement un sort lui permettant de l’observer en toute impunité ? Tout cela commençait à poser beaucoup de questions au  mage, il devenait évident qu’il ne pouvait simplement pas rester là sans réagir. Le gala aurait lieu deux jours plus tard et quelle que soit la méthode qu’il utilisait, Blade devait déjà être au courant de la présence des trois mages sur les lieux. C’était une situation délicate qui exigeait une prudence extrême et des réactions immédiates. A commencer par alerter ses équipiers qui devaient encore dormir. Alaric se leva du lit, rangea le papier dans sa poche et se rendit vers la salle de bain affiliée à sa chambre. Il fallait reconnaître à dame Hyliana qu’elle faisait tout pour offrir le meilleur confort possible à ses protecteurs.

Lorsqu’il sortit de la pièce, un soleil timide pointait son nez par-dessus la cime des arbres et l’air, encore humide et frais, soufflait agréablement dans la chambre. Il était très tôt mais c’était la meilleure chance qu’il avait de préparer leur contre-offensive. Et décidément, il ne pouvait que saluer l'ingénieux choix de leur hôtesse, elle les avait placé dans des chambres contigües, de sorte qu’ils n’auraient même pas à se chercher pour établir leurs plans. Bonne initiative dont Alaric jouissait à présent en toute immunité. Il se dirigea donc vers la chambre se trouvant à gauche de la sienne, croyant tomber sur celle d’Hector, le mage aux cheveux flamboyants. La porte était entrouverte et la pièce déserte. si elle avait bel et bien été celle de son coéquipier, lui semblait s’être volatilisé.

Aussitôt, un vent d’inquiétude déferla dans la tête du jeune homme aux yeux de nuit. Blade avait-il lancé l’offensive ? Hector était-il en danger ? Devant une donnée ‘une telle importance, il fallait se réunir au plus vite et tenter de se concerter. Alaric alla donc touer à la porte de Misaki, qui elle était fermée, il crut entendre son occupante demander qui la cherchait et dit gravement :

- Misaki c’est Alaric, il faut qu’on parle c’est urgent.

Spoiler:

Après avoir réglé le problème du serviteur, la jeune mage de Lamia Scale retourna dans sa chambre et se réinstalla pour lire. Cependant, elle ne lit pas longtemps avant d'éteindre sa lumière pour dormir. La jeune femme ne dut dormir que l'espace d'une demi-heure avant d'entendre frapper à sa porte. Elle crut un instant qu'elle avait rêvé, mais en entendant frapper une seconde fois, elle se rendit compte que non. Elle se leva donc et s'approcha donc de la porte lentement.

- Qui est-ce ?

Demanda-t-elle. Elle n'eut pas à attendre longtemps avant que la personne derrière la porte réponde, d'une voix grave.

- Misaki c'est Alaric, il faut qu'on parle c'est urgent.

Elle reconnut la voix de celui avec qui elle faisait cette mission. Elle ouvrit la porte et le regarda un instant. Il semblait vraiment sérieux, il avait dû apprendre quelque chose de grave par rapport à la mission. Quand il fut rentré, elle referma la porte derrière lui et lui fit signe de s'installer sur l'un des sièges dans la chambre alors qu'elle allait s'asseoir sur son lit.

C'était une bonne chose qu'il soit là, elle pourrait lui parler de cette histoire avec le serviteur qui avait fait tomber des choses dans le couloir et que ceci l'avait mené à penser que peut-être un serviteur était lié à cette histoire et à leur ennemi.

- Que se passe-t-il ?

Finit-elle par demander en regardant l'homme face à elle. Elle écouta alors ce qu'il lui expliqua, de manière perplexe. Si ce qu'il lui disait été alors tous devenait beaucoup moins simple. Elle eut un léger soupir. Et dire qu'elle avait prit cette mission, car elle était plutôt simple et qu'elle n'aurait pas grand-chose à faire hors mis assurer la sécurité de sa cliente. Cela devenait complètement improbable comme scénario.

Elle ferma un instant les yeux pour réfléchir à tout ceci et remettre en rapport avec ce qu'il lui était arrivé à elle. Elle le rouvrit rapidement et regarda l'homme en face d'elle. Elle devait lui raconter ce qu'elle pensait du fait qu'un serviteur soit lié à leur ennemi, peut-être même qu'il s'agirait de leur ennemi en personne.

- Tout à l'heure il m'est arrivé quelque chose d'étrange, un serviteur a fait tomber quelque chose pas très loin de ma chambre, sur le moment j'ai pensé que ce n'était pas fait exprès, mais plus j'y pense plus je me dis qu'il le voulait... ce qui m'amène à penser que notre ennemi est sûrement l'un des serviteurs ou bien, un ou plusieurs serviteurs sont à ses côtés.

Elle attendit la réaction du mage de Blue Pegasus, calmement et finit par se lever pour aller à côté de la vitre et observer le jardin de manière neutre, elle cherchait à repérer du mouvement, celui de personnes se promenant ou de personnes qui ne voudraient pas se faire voir. Elle resta ainsi de longue minute avant de tourner son regard vers son partenaire.

- Ne précipitons pas les choses. Si quelqu'un se rend compte que nous en savons plus que ce que nous sommes censé savoir ça pourrait mal se passer. On devrait commencer à chercher demain matin.

C'était ce qui lui semblait le mieux, car si il y avait vraiment un espion parmi les serviteurs, il pourrait rapporter ce qu'il se passait et Blade pourrait intervenir plus tôt que ce qu'il avait dit, ce qui serait mauvais pour Alaric et elle, car ils ne seraient pas forcement préparés. Si quelque chose comme ça arrivait, elle avait peur de ne pas réussir à gérer et que donc elle rate et que cela donne une mauvaise image de Lamia Scale. C'était la seule chose qui perturbait vraiment la jeune mage.

Il valait mieux qu'il prenne leur temps afin d'analyser correctement ce qu'il se passait ici et qu'ils ne perdent pas leur sang-froid. C'était le plus important, elle savait, qu'elle, elle ne perdrait pas son sang-froid, mais elle ne connaissait pas assez Alaric pour dire si lui le perdrait ou non. Elle retourna donc vers son lit calmement avant de se rassoir dessus.

- Retrouvons-nous demain matin à l'aube devant l'entrée principale.

De toute façon, vu l'heure ils n'auraient pas pu faire grand-chose ce soir, il valait mieux attendre qu'il fasse jour. Ils auraient plus de chance d'arriver à quelque chose ainsi. Elle laissa donc son partenaire ressortir de la chambre. Elle referma la porte derrière et retourna se coucher en réfléchissant à toutes les révélations qu'il venait d'y avoir. Elle y réfléchit pendant une bonne heure avant de finir par sombrer une nouvelle fois dans les bras de Morphée.

Le lendemain matin, elle s'était levée de bonne heure et s'était préparée en vitesse avant de sortir pour retrouver Alaric à l'entrée du manoir, comme ils l'avaient prévu la veille au soir. Elle n'eut pas à attendre très longtemps avant que le mage de Blue Pegasus arrive. Elle le salua d'un hochement de tête. Maintenant, ils devaient préparer leur plan pour mener cette mission à bien en évitant tous les pièges qui étaient dressés sur leur route.

Après le départ d'Alaric, la jeune femme avait réfléchi un instant à ce qu'ils pourraient faire, mais rien ne lui vint en tête, ce serait mieux d'en discuter avec lui le lendemain matin lorsqu'ils se retrouveraient pour en parler. Elle retourna donc se coucher et se rendormit avec difficulté. Elle eut un sommeil agité pendant le reste de la nuit.

Quand elle se réveilla le lendemain matin, elle alla se doucher, dans la grande salle de bain privé qu'elle avait. Cette pièce devait faire à elle seule, la moitié de la maison qu'habitait Misaki à Oak. Elle était tout simplement immense. Après s'être douchée et rhabillée d'une robe bleue claire, la jeune fille descendit et prit un morceau de pain dans les cuisines, ceci lui servirait de petit-déjeuner, elle n'avait pas besoin de plus.

Une fois ce petit-déjeuner rapide, avalé, la jeune femme partit en direction du lieu de rendez-vous. Quand elle y fut, elle n'eut pas à attendre très longtemps avant de voir Alaric arriver. Il la salua et elle le salua également avant qu'il lui montra des gantelets. Mais pourquoi est-ce qu'il lui montrait ça ? La réponse ne tarda pas à arriver. Il lui annonça que leurs ennemis comptaient utiliser ceci contre eux, mais qu'il ignorait comment ils fonctionnaient. Il lui proposa ensuite d'aller voir un armurier pour en savoir plus. Elle hocha la tête.

- Très bien, allons voir un armurier, mais, comment as-tu obtenu ces choses et comment as-tu su qu'ils allaient les utiliser contre nous ?

Elle attendit la réponse de son camarade avant de se mettre à marcher dans le jardin devant eux pour sortir de la propriété. Les jardins étaient immenses et à pied il lui semblait plus grand que la veille lorsqu'ils étaient arrivés en voiture. Ils finirent cependant par arriver à la grille d'entrée. Ils sortirent et se mirent en route pour la ville qui se trouvait à côté.

Il leur fallut plusieurs dizaines de minutes de marche avant d'arriver enfin en ville. Quand ils furent enfin, il fallait désormais trouver un armurier. La jeune femme tourna donc son regard vers son compagnon, peut-être savait-il où ils pourraient trouver un armurier qui pourrait les aider ne serais-ce qu'un petit peu.

- Alors, tu sais où nous devons aller ? Demanda-t-elle en le regardant.

Elle ne connaissait pas vraiment cette ville, après tout, elle n'était venue que de rare fois voir son père, elle n'avait jamais prit le temps de visiter puis tout ceci remontait à tellement loin maintenant qu'elle ne s'en souviendrait plus si elle avait su un jour. Elle attendit la réponse de son partenaire et ils se mirent à marcher ensemble en ville pour trouver ce qu'ils cherchaient.

Après quelques minutes de recherche, ils en trouvèrent un, un peu éloigné de la rue centrale, mais ils le trouvèrent c'était le plus important. Ils entrèrent dans la boutique, il semblait n'y avoir personne. La jeune femme s'enfonça donc un peu plus loin avant d'appeler afin de savoir si quelqu'un était là.

- Il y a quelqu'un ? Appela-t-elle

Un homme arriva part la porte qu'il y avait à l'autre bot de la boutique. Il ne semblait pas très vieux, trente ou trente-cinq ans peut-être, pas plus. La jeune femme s'inclina poliment devant lui avant de lui expliquer la raison de leur visite. Elle laissa à Alaric le soin de sortir les gantelets pour les montrer à l'armurier puis elle demanda.

- Pensez-vous pouvoir trouver comment ses gantelets fonctionnent et ce qu'ils peuvent faire ?

Elle laissa Alaric donner les gantelets à l'homme et le laissa les examiner tout en restant silencieuse. Elle espérait qu'il trouverait quelque chose, il fallait qu'ils soient prêt à se défendre et pour ceci, ils devaient savoir de quoi était capable ces gantelets, ce qu'ils leurs feraient.