Triple Crossroad dans un lieu de savoir (Pv Levy et Sherry)

L'été et son cortège de bizarreries en tous genres approchait à grands pas. Son ombre sèche se profilait à l'horizon des saisons et derrière elle, la chaleur. Une chaleur insupportable qui tuait dans l'œuf toute velléité d'action qui nécessitait de quitter le couvert de sa maison...ou de la guilde. Adossé contre un mur, à même le sol de marbre, Alaric regardait défiler cette journée trop chaude pour être réelle avec une supplique silencieuse adressée au soleil impitoyable. Son esprit indolent dérivant sur d'incessantes vagues de béate contemplation, le mage de lumière avalait ce qui ferait bientôt son vingtième verre d'eau. Pourtant, pour une obscure raison et par un mystère tout aussi obscur, sa gorge desséchée réclamait toujours plus du précieux liquide, comme s'il lui aurait fallu s'immerger dans l'océan pour étancher sa soif inextinguible. Devant lui, les autres s'agitaient vainement, petites fourmis condamnées par un sort funeste à demeurer enfermées dans leur fourmilière. Leurs silhouettes floues allaient et venaient dans ce qui semblait au jeune homme être l'anarchie la plus totale tandis que leurs voix résonnaient dans le lointain, comme étouffées par un voile invisible aux hommes.
 
De cet indescriptible charivari, une voix parvint néanmoins à atteindre Alaric. D'ailleurs elle semblait s'adresser à lui :
 
- Bah alors Al t'as pas la forme ? Tu devrais profiter de cette magnifique journée et te balader un peu non ?
 
Le regard fuyant de l'intéressé se fixa quelques instants sur l'importun qui osait venir lui faire pareille suggestion. En temps normal, il lui aurait sans doute répondu quelque chose de spirituel, voire de sarcastique mais par ce temps, seul une phrase franchit le coton qui encerclait ses pensées :
 
- De quoi tu parles ?
- Je devais me rendre à l’université d’Oak pour rencontrer une certaine personne mais…je ne peux pas y aller. Ça te dirait de faire le déplacement pour moi ?

Eternité de flottement. Comme deux billes de verre polies, les yeux d’Alaric se posèrent sur le mage enthousiaste qui l’incitait à se lever. Comment lui dire sans le froisser qu’il n’avait absolument aucune envie de se lever ? Comment même expliquer à son esprit surexcité par l’arrivée de la chaleur que tout le monde ne désirait pas profiter du « beau temps » ? Parfois mieux valait ne rien dire et laisser les autres s’enfoncer dans leurs idées sans fondements et c’est la technique qu’il appliqua. Ça aurait d’ailleurs pu être une bonne méthode, seulement il avait oublié un léger détail : l’obstination de son ami qui pensait naturellement agir pour son bien et sembla penser que tout était réglé puisqu’il ne pipait mot. Après une poignée de main fort virile, le mage s’en fut en lançant à Alaric :

- C’est une mage de Fairy Tail avec qui je devais faire des recherches ! Tu la reconnaîtras facilement t’inquiète !

Et voilà ! Lancé au galop vers un nouvel horizon, le jeune homme aux yeux de nuit soupira, comment refuser puisqu’apparemment son collègue avait la ferme intention de ne pas honorer ce rendez-vous ? Eh bien c’était simplement impossible. Donc il devrait se lever de sa position idéalement choisie en priant pour que le soleil ait cessé de darder ses rayons mortellement brûlants. Double circonstance inconnue en comptant le fait qu’il risquait de ne pas trouver la personne venant de Fairy Tail. Mais bon, peut-être cette petite expédition aurait-elle du bon finalement, qui pouvait savoir ?  

Ainsi donc notre ami Alaric était de retour sur les chemins et avançait en traînant des pieds, profondément agacé de devoir marcher au lieu de se reposer en avalent des verres d’eau et regrettant d’avoir choisi de faire ça à la guilde où il pouvait si facilement être gêné. 

Heureusement, le ciel semblait s’être montré clément ; une légère brise se mit à souffler alors qu’il quittait Clover pour se rendre à Oak, caressant son visage pour l’inviter à apaiser ses pensées. La grande cité d’Oak profilait son ombre au devant de l’horizon, imposante et souveraine. L’université n’était plus très loin et maintenant qu’il l’approchait, Alaric sentait enfler en lui le besoin pressant de mettre un terme à cette « promenade » forcée.  Mais évidemment, il fallait d’abord la trouver cette fichue université et ça ne s’avèrerait pas être tâche aisée au vu de la foule immense qui arpentait les rues de Oak. On aurait jurerait voir une version agrandie du hall de Blue Pegasus en pleine journée ; affolant. 

Pestant encore une fois contre la gentillesse exacerbée de ses camarades, le mage de Pegasus s’engagea dans une rue qui, semblait-il, devait mener à l’université. En tout cas, c’était le plus logique étant donné l’affluence de monde qui empruntait cette artère surpeuplée. Et quel monde ! Tant de visages sérieux et dénués d’expression ne pouvaient qu’appartenir à de futurs lecteurs pressés de s’isoler du monde extérieur. Croisant un jeune homme aux yeux caves qui se traînait tel un zombie, le jeune homme fut tenté de lui demander son chemin mais s’abstint. Le jeune homme avait le regard fixe et légèrement halluciné, peu enclin donc à faire la conversation. Qu’avaient donc tous ces gens avançant en procession dans la même direction ? Y avait-t-il quelque chose de particulier ? Curieux et intrigué, Alaric les suivit, ou plutôt se laissa porter par la foule compacte jusqu’à un homme qui semblait en pleine harangue debout sur ce qui devait faire office de piédestal en hurlant de toutes ses forces :

- Ecoutez-moi vous tous ! Pourquoi rester ici et laisser les mages s’occuper des affaires de notre pays ? Pourquoi ne nous rebellons-nous pas pour leur montrer qui contrôle vraiment ce pays ? Je vais vous le dire ! Parce que nous avons PEUR ! Leur régime d’oppression musèle tous nos désirs, ils nous surveillent avec leurs guildes et nous obligent à faire ce qu’ils désirent pour leur bien égoïste ! Mais osez imaginer un instant ce que serait ce monde, ce que nous serions sans ce fléau ? Réfléchissez mes amis ! ils ne sont que 10 % de notre population, nous nous sommes l’âme de Fiore. Qui pourrait nous résister si nous nous y mettons tous ? Leur conseil est dominé par le mal et leurs guildes sont ses agents directs ! il faut éliminer cette plaie de la surface du monde ! Rejoignez-nous, Rejoignez les Purificateurs si, comme nous, vous rêvez d’un monde plus pur et plus juste !

Révulsé par ce discours plein de haine et de violence, Alaric se retint d’intervenir et fixa l’homme avec attention, derrière lui c’était toute une organisation bien huilée qui parlait, tout un groupe qui semblait avoir pris une importance considérable si l’on notait le visage ébahi et admiratif des hommes et des femmes autour du mage.l’orateur distribuait des tracts aux badauds, aussi zélé que s’il était convaincu de servir les plans divins par sa modeste contribution…ce qui devait sans doute être sa pensée. Quoi qu’il en soit, il était bien trop dangereux –et par extension son groupe de « Purificateurs » l’était aussi – pour que l’on ignore ces paroles en les prenant pour les délires d’un illuminé. 

Soudain, Alaric nota un changement dans l’atmosphère autour de lui : tous les regards étaient fixés sur lui et ils exprimaient tous la même chose : de la haine. Que se passait-il ? Comment avait-il pu être découvert aussi rapidement ? Il le découvrit presque immédiatement :

- Hé toi ! lança le Purificateur avec fiel. Tu n’as pas pris de tract, serais-ce que tu es de mèche avec ces mages démoniaques ? Ou peut-être en es-tu un et tu veux nous espionner pour connaitre nos secrets et nous détruire de l’intérieur come vous le faites si souvent ?

Que faire ? Sans s’en rendre compte ni se méfier, le mage s’était retrouvé dans une situation plus que périlleuse, comment justifier son absence d’investissement dans la cause de ce fanatique ?  

- Je ne suis pas un mage, juste un type qui voudrait vivre tranquillement, tenta-t-il sans trop savoir si cette petite excuse fonctionnerait.

Et en effet elle ne fonctionna pas. De dégoût l’homme cracha par terre et, le pointant du doigt, harangua de nouveau la foule aveugle et amorphe :

- Voyez ! Voyez la lâcheté de ces misérables mages qui refusent de s’assumer et préfèrent contrôler nos moindres faits et gestes ! C’est cela que nous combattons nous les Purificateurs ! 

Ça y est, le moment était venu de tirer sa révérence. Sentant que l’atmosphère commençait à chauffer, Alaric s’éclipsa en conservant un minimum de dignité, histoire de faire illusion et de ne pas (encore plus) attirer la suspicion générale sur lui et à plus forte raison les mages. L’université était droit devant, il s’y rendit sans hésiter ni se retourner, il lui tardait de retrouver l’autre mage et d’en finir avec cette histoire de Purificateurs. Quoique n’importe quel esprit doué d’intelligence eût tout de suite saisi que cet épiphénomène risquait fort d’en entraîner d’autres de plus grande envergure qui risquaient de mettre en péril un équilibre déjà fragile dans les grandes villes entre mages et non mages. Il faudrait en avertir les maîtres de guildes une fois ces recherches achevées.

HRP:

La nuit avait été longue. Très longue.
Elle avait pourtant tout essayé pour trouver le sommeil, infusion de plantes, ventilateur au maximum… et ce n’était pas la fatigue qui manquait. Mais Morphée se refusait toujours à elle. Repoussant ses couvertures, donnant un coup de tete rageur dans son oreiller, la jeune femme avait alors abandonné l’idée de dormir. Elle c'était contenter de se saisir d’un livre en attendant que le temps passe. Plongé dans sa lecture, les livres s’enchainant sous ses doigts, Sherry n’avait heureusement pas vu le temps passer, et l’aube ne tarda pas à montrer le bout de son nez, renouveau salvateur l'empêchant de se morfondre dans son ennui.
Étrangement, elle fut la première à pénétrer dans la guilde ce matin-là. L'endroit, irréel de par son absence de mouvements et de vie, lui sembla pendant un cours instant totalement étranger. Alors que d'habitude la grande salle était rythmée par les aller et venus des mages en mission, le brusque silence dans la lumière tamisée du petit matin ne l'a mis que plus mal à l'aise. Réprimant un frisson, elle c'était glissé derrière le bar pour s'emparer d'un lait à la fraise, puis c'était installé tranquillement en attendant une quelconque présence humaine. Les minutes défilèrent lentement, poursuivi par le " tic tac'' incessant de la petite horloge en bois de hêtre positionné près des escaliers. Sirotant sa boisson, Sherry s'amusait alors à pianoter sur le comptoir lustré avec ses ongles, certes brillant, mais qui commençait à sérieusement réclamer un coup de lime. Négligemment, elle les porta à hauteur de son regard, prenant soin de les étudier sous toutes les coutures. Rongés. Ses ongles, d'habitude si parfaitement manucurés, étaient rongés. La jeune femme reposa brusquement sa main, excédé. Elle qui mettait un point d'honneur à soigné son apparence, son manque d'assiduité de ses derniers jours se faisait clairement ressentir. De même que son état de stresser. La chaleur insupportable de ce début de saison lui pesait sur le moral, et il n'était pas rare de la trouver dans un état d'esprit des plus lunatiques. S'en était si affligeant que la plupart des membres de la guilde avaient pris un peu de distance avec elle, attendant qu'elle se calme. Ce qui, pour l'heure, n'était pas près d'arriver.  

Au bout de son troisième verre, et alors que son estomac commençait à crier grace sous l'abondante quantité de lait ingurgité, des personnes firent enfin leurs apparitions dans la salle. Désormais affalée sur son tabouret, Sherry tourna un regard morne vers les nouveaux arrivants. Jura et deux autres personnes dont elle ne se rappelait plus des noms. Peut-être Colique ou Koala... qu'importe. En la voyant, le mage saint pris congé de ses acolytes et s'approche de la jeune femme. En le regardant arriver, Sherry fut assez soulagé de ne plus avoir à se morfondre seule. Un peu de compagnie ne lui ferait pas de mal, et Jura, sous ses airs de donneur de leçons, était d'une compagnie plutôt agréable. L'homme s'installa à coté d'elle en entamant la conversation.

-Sherry. Il est plutôt rare de te trouver ici si tot. Mal dormis?

La jeune femme lui offrit une grimace des plus convaincantes en se redressant sur son siège. Du geste que confère l'habitude, elle entreprit de rassembler sa chevelure rose pour la nouer en une queue-de-cheval lâche. Elle finit sa dernière goutte de lait d'un trait, ne manquant pas de pousser un léger soupir en reposant son verre parmi ses compères.

-Pas dormis du tout plutôt, la chaleur m'a empêché de fermer l'oeil. Comment vas-tu Jura? Ce fait un moment que je ne t'ai pas vu!

Elle lui offrit un sourire lumineux dont elle avait le secret, dans l'espoir de le convaincre que malgré sa nuit désastreuse, tout allait bien. Toutefois, la jeune mage ne se fit pas d'illusions: s'il y avait une personne impossible à berner, il s'agissait bien de Jura. Malgré tout, après l'avoir soigneusement détaillé de son regard onix, le grand mage détourna son regard et entreprit de lui raconter sa dernière mission en date, au plus grand plaisir de Sherry. La jeune femme aimait beaucoup les récits de Jura, toujours bien détaillés et des plus intéressants. Lui souriant et lâchant quelques mots quand il le fallait, elle retrouva peu à peu sa bonne humeur, oubliant un moment sa fatigue. Ils continuèrent à parler ainsi un long moment, tant et si bien que la guilde finit par être complètement remplis, le rire clair de Sherry et la voix grave de Jura attirant quelques regards aux alentours.
Finalement, alors que la jeune femme saluait une connaissance d'un mouvement enjoué de la main, Jura se racla légèrement la gorge, gené.

-Sherry, est-ce que tu pourrais me rendre un service? Je suis désolé de te demander sa alors que c'est un de tes jours de congé, mais je suis dans une impasse.

Intriguée par son ton sérieux, la jeune femme hocha la tete, l'encourageant à continuer.

-Il y a quelques jours, j'ai entendu une rumeur inquiétante se propager parmi les commerçants de la ville. Un groupe de perturbateurs inciterait les gens à les rejoindre dans ce qui semblerait être une lutte contre les mages. Bien sur, la véracité de ces informations restant à prouver, j'avais prévu de faire ma petite enquête avant d'en référer à Elenissa. Malheureusement, je dois partir pour une mission importante, et je ne pourrais pas mener cela à bien. J'aimerais que tu t'en charge.


Voilà comment Sherry se retrouvait à errer dans le centre-ville, en nage, et se maudissant pour avoir accepté de rendre service à son ami.
Chaleur.
Insoutenable chaleur.
Passant une main lasse sur son front pour essuyer la fine pellicule de transpiration qui si était déposée, Sherry s’accorda une pause. Il y avait bien longtemps qu’une telle canicule n’avait pas emprisonné la ville dans cet étau de moiteur, auquel il était hélas impossible de réchapper. Les murs de pierre aux allures rugueuses donnaient l’impression de suinter, tandis que l’air miroitait devant les yeux de la jeune femme. L’image d’elle en train de marcher sur une poêle à frire lui traversa l’esprit, image qu’elle s’empressa de chasser avec une grimace. Autant ne pas penser à des choses déplaisantes. Longeant un bâtiment de pierres noircies, elle entreprit de se trouver un coin d’ombre pour étendre ses jambes de plus en plus lourdes. Chaque pas lui coutait plus que le précédent, et la fatigue harassante qui l’accablait depuis la veille ne l’aidaient en rien. Pateusement, Sherry glissa le long d'un mur et repris son soufflé. Elle balada son regard tout autour dans le but de trouver un marchand susceptible de lui fournir une bouteille d'eau ( et accessoirement de l'interroger). Pas de marchand, mais l'université se dressant à quelques mètres, droite et fière, l'attira immédiatement. Il devait faire bien frais à l'intérieur. Aspirant une grande goulée d'air chaud, Sherry s'élança sur la petite place, pensant en profiter pour interroger le plus de personne à sa porter.
Préoccupée par l'idée de trouver un peu de fraicheur, elle ne fit pas attention au groupe surexcité en train de se dissoudre à la périphérie de son champ de vision.Poussant la lourde porte de bois, elle s'attarda quelques secondes dans le hall d'entrée, savourant la quiétude des lieux. Avançant tranquillement, elle prit la décision de se diriger directement à la réception, plus susceptible de posséder les informations recherchées. Alors que le guichet n'était plus qu'à quelques pas, une chevelure bleue familière attira son attention, près d'une rangée d'étagères pleines à craquer de livres en tous genres. Plissant les yeux, Shery tenta de distinguer le visage de la petite silhouette au loin. Quand enfin ce fut le déclic. Plus petite que la moyenne, les cheveux bleus et l'allure juvénile...

-Mais... c'est la petite mage des mots de Fairy Tail!

Spoiler:

Dire qu'il faisait chaud était un euphémisme. Levy était certaine que même en cassant la fenêtre de son compartiment, on aurait pu faire un œuf au plat simplement avec le sol du wagon. Bon, elle n'allait pas essayer vu l'état dudit sol mais elle restait persuadé que c'était possible. Si Gajeel avait été là, il lui aurait sorti une histoire comme quoi elle savait maintenant ce que ressentait une crevette dans un four, un truc comme ça.
La crevette en question entreprit de se passer un coup de brumisateur sur le visage et dans le cou pour se rafraîchir. Elle en avait emmené deux plus un éventail en prévision de la chaleur à venir et s'en félicitait. On crevait de chaud ! Les autres filles de Fairy Hills avaient, pour celles qui étaient là, prévu de se réfugier à la piscine. Levy elle était quand même partie pour sa mission à Oak en collaboration avec un mage de Blue Pegasus. C'était surtout un travail de recherche de généalogie pour une famille noble qui avait perdu toute sa généalogie dans un incendie. Par chance, ladite famille était à Oak depuis la nuit des temps. Les deux mages pourraient donc rester dans la bibliothèque, au frais et loin des rayons du soleil trop brûlant.
En fait, ce n'était pas le soleil le problème à Magnolia. C'était qu'il n'y avait pas de vent. Aucune brise pour rafraîchir et rendre la chaleur supportable. Cette absence rendait les gens complètement amorphes. Traverser la ville pour aller de la gare à la bibliothèque allait être caustique. Heureusement qu'elle avait vérifié sur un plan son trajet afin de ne pas se perdre. Elle n'avait pas envie de traîner dehors avec une telle chaleur, surtout si elle rencontrait le même problème qu'à sa ville de départ.
Une fois arrivée, elle soupira de soulagement en sentant un très léger souffle d'air. Elle se mit en marche, un peu pressée mais aussi inquiète. Elle ne savait pas avec qui elle ferait cette mission. Les gens de Blue Pegasus aimant la beauté, elle n'avait aucune idée d'à quoi ressemblerait son partenaire. S'il serait du genre rat de bibliothèque ou s'il aurait une tenue élégante mais terriblement chaude... Elle espérait juste que la chaleur ne le découragerait pas.
Ou elle ? Levy n'en savait rien. Oh misère, combien de temps allait-elle passer à chercher ce partenaire dont elle ne savait rien ? Elle avait pourtant envoyé un message à la guilde de Blue Pegasus afin de demander à son partenaire un premier contact. Elle avait envoyé une description physique, espérant qu'à Oak, les cheveux bleus n'étaient pas assez courants pour qu'on la remarque. Surtout qu'en approchant de l'université et de sa bibliothèque, elle se rendit compte qu'il y avait une foule importante. Elle nota la présence d'un homme monté sur quelque chose pour dominer la foule et déblatérer son discours :

-Ecoutez-moi vous tous ! Pourquoi rester ici et laisser les mages s’occuper des affaires de notre pays ? Pourquoi ne nous rebellons-nous pas pour leur montrer qui contrôle vraiment ce pays ? Je vais vous le dire ! Parce que nous avons PEUR ! Leur régime d’oppression musèle tous nos désirs, ils nous surveillent avec leurs guildes et nous obligent à faire ce qu’ils désirent pour leur bien égoïste ! Mais osez imaginer un instant ce que serait ce monde, ce que nous serions sans ce fléau ? Réfléchissez mes amis ! ils ne sont que 10 % de notre population, nous nous sommes l’âme de Fiore. Qui pourrait nous résister si nous nous y mettons tous ? Leur conseil est dominé par le mal et leurs guildes sont ses agents directs ! il faut éliminer cette plaie de la surface du monde ! Rejoignez-nous, Rejoignez les Purificateurs si, comme nous, vous rêvez d’un monde plus pur et plus juste !

Levy se fit toute petite. Ce n'était pas la première fois qu'elle voyait ça. Ce genre de groupuscule avait toujours existé. Ces derniers temps, avec les guildes noires qui semblaient particulièrement actives, les groupes anti-magie devenaient de plus en plus nombreux ou violents. C'était la faute de ce sentiment d'insécurité. Les mages devaient faire attention et les non-mages n'avaient aucun moyen de défense.

Rasant presque les murs, la mage de Fairy Tail fila se réfugier dans la bibliothèque. Regard légèrement baissé, pressant le pas sans courir pour ne pas attirer l'attention, elle se hâta de gagner son refuge. Une fois dans le bâtiment, elle respira un peu mieux. Même s'il y avait d'autres "purificateurs" dans le coin, elle se sentait en sécurité ici. Aussi se dirigea-t-elle tranquillement vers la réception. S'appuyant sur le comptoir un peu trop grand, elle se hissa discrètement sur la pointe des pieds pour demander :

-Bonjour, je suis ici pour faire des recherches avec un mage de Blue Pegasus. Est-ce que vous avez vu un membre de cette guilde ?

La réceptionniste l'étudia un long moment avant d'hausser les épaules. Vu l'odeur de vernis et la longueur aberrante de ses ongles, elle semblait plus préoccupée par sa manucure et ses cheveux mis en pli parfaitement. Levy raya donc mentalement l'idée de lui demander conseil.

-Mais... c'est la petite mage des mots de Fairy Tail!

L'exclamation la fit se retourner, à la recherche de celle qui venait de dire ça. Elle vit une femme avec des cheveux roses et une robe assortie fendue au niveau de la taille. Son imposante poitrine attirait tous les regards des hommes mais Levy nota surtout ses yeux bleus qui ressortaient au milieu de son visage pâle. Maquillée délicatement pour se mettre en valeur, elle avait l'air d'avoir passé une mauvaise nuit, malgré tout. Est-ce que c'était elle la mage qu'elle cherchait ? Dans le doute, Levy se dirigea vers elle, tenant nerveusement son sac.

-Oui c'est moi. C'est vous la mage de Blue Pegasus avec qui je dois faire la mission ?

Elle ressemblait plus au genre de fille qui passe son temps à s'admirer dans le miroir qu'à lire. C'était presque digne de Blue Pegasus. Il fallait juste espérer que ce serait une fausse impression ou qu'elle ne se trompait pas de personne. Mais où était sa marque bon sang ?
Devant la négation de son interlocutrice, elle eut envie de soupirer. Elle parcourut nerveusement du regard le hall, commençant à s'inquiéter. Elle avait espérer trouver rapidement son partenaire pour commencer la mission aussi vite que possible et avancer rapidement.

-C'est que je dois trouver un partenaire dont j'ignore tout sauf la guilde, je ne sais pas comment faire... Oh ! Et désolée de vous demander ça mais je ne me souviens pas de vous avoir rencontré. D'habitude, j'ai une bonne mémoire mais là je n'y arrive pas...

Elle se mit à douter face à sa mémoire qui continuait de prétendre ne pas connaitre cette femme. Décidée à en avoir le coeur net, elle l'examina une nouvelle fois rapidement.

-Je suis désolée, je déteste juste quand je n'arrive pas à me souvenir si je connais une personne ou non. Elle eut un petit rire nerveux. C'est l'un des inconvénients de la grande mémoire, on est toujours frustré de ne pas se souvenir.

Mais il était où ce partenaire alors ?

Le monde magique se couvrait de blessures sanglantes qui creusaient profondément dans la confiance mutuelle entre mages et non mages. Cette confiance qui était le ciment de la stabilité de Fiore. L’un après l’autre, les liens s’étiolaient puis s’évaporaient. La mémoire était capricieuse, les hommes oubliaient bien vite leur reconnaissance envers les mages pour leur jeter au visage tous leurs maux, frustrés et effrayés de ne pouvoir les résoudre eux-mêmes. La peur. Elle leur faisait perdre le sens de la réalité ainsi que la raison. Mais alors qu’il fuyait une horde de civils en colère, Alaric ne pouvait pas vraiment leur reprocher ce comportement d’autruches. Parce qu’au fond, n’en était-il pas une lui aussi ? Et au fond de lui, il ne pouvait nier la légitimité de leurs inquiétudes, de leur colère. Car à l’origine de ce chaos, il y avait des mages. Et ceux qu’ils employaient depuis longtemps se trouvaient impuissants face à l’ampleur de la situation. Toutes les guildes étaient comme en état de siège et les civils, laissés pour compte dans un combat dont ils ne seraient de toute façon que des dégâts collatéraux. Impossible de ne pas se sentir frustré d’être impliqué dans pareille bataille contre son gré. Il poussa les lourds battants de la porte de l’université, morose et silencieux, comme souvent ces derniers temps. Le service qu’il devait rendre et pour lequel il s’était retrouvé dans ce lieu avait complètement quitté son esprit. Ah mémoire, capricieuse mémoire. Notre jeune homme déambulait donc dans le hall désert de l’université, peu pressé de se mettre à la recherche de la mage de Fairy Tail avec qui il devrait établir cette fastidieuse généalogie il se dirigea vers une pièce apparemment libre où il s’assit en silence, absorbé dans ses pensées.

Evidemment, à peine entré, le pauvre eut tout le loisir de réaliser que la salle qu’il avait cru vide ne l’était manifestement pas. Deux hommes y étaient en grand conciliabule, têtes rapprochées comme des conspirateurs cherchant à dissimuler leurs manigances. Ni eux ni Alaric ne se prêtèrent la moindre attention, il alla s’asseoir au fond de la pièce et se laissa emporter dans ses pensées, sans réaliser que ses deux voisins de pièce le fixaient étrangement, une lueur d’intérêt allumée dans leur regard. L’un d’eux se leva et alla à la rencontre du jeune mage esseulé. Sur son visage, un sourire sournois s’étirait déjà, mais Alaric ne le remarquait même pas tant il était à l’ouest. L’homme s’approcha encore plus près. Il n’était plus qu’à quelques pas de l’innocent mage qu’il s’apprêtait sans doute à détrousser et la convoitise se lisait dans son regard, transpirait de sa gestuelle. Il tendit la main, comme pour se saisir de la bourse d’Alaric, qui choisit bien évidement cet instant précis pour refaire surface dans la réalité et le regarder fixement, sans émettre le moindre son. Soixante secondes d'une accablante tension figèrent la pièce. Le geste criminel se mua en une tape amicale sur l’épaule, le bandit s’était piégé croyant avoir été percé à jour. Il se rattrapa bien vite néanmoins :

- Salut mon gars, t’as pas l’air très en forme ! Un problème ?

Dans son sourire forcé comme dans son regard inexpressif, on pouvait lire la duplicité qui animait son geste premier, mais Alaric n’y prêta pas attention. A vrai dire, ce qu’il avait vu précédemment l’avait troublé bien plus profondément qu’il n’aurait voulu l’admettre et il ressentait le besoin de confier certaines questions à un inconnu, surtout si c’était un simple civil. Mais que raconter ? C’était après tout toujours un inconnu. Finalement, s’ouvrir à autrui demeurait toujours aussi difficile, il y avait toujours une gigantesque différence entre la pensée et son équivalent oral. Un mur fait de présomptions et de préjugés impossible à franchir totalement. Mais Alaric tenta tout de même sa chance, qui sait, peut-être discuter apaiserait-il son tourment ?

- Je me demandais juste…pourquoi  ce pays semble si déchiré.

Eclat de rire sincèrement pris de court, le voleur ne s’attendait sans doute pas à tomber sur un personnage aussi sérieux que le mage, grattant négligemment son oreille, il s’assit sur une table sans la moindre gêne, intrigué par le personnage. La discussion reprit :

- Bah dis-donc, t’as de sacrés sujets de réflexion pour un jeunot ! Mais dis, qu’est-ce que tu entends par « déchiré » ?
- Je ne sais pas moi-même ce que j’essaie vraiment d’exprimer…c’est juste que…j’ai l’impression que les mages ne sont plus trop aimés dans le coin, répondit Alaric en choisissant ses mots avec prudence.
- Oh, tu parles du bruit qui court dans les rues ces derniers temps ? Ouais, ces Purificateurs ou je-ne-sais-quoi font pas mal de grabuge en ce moment, paraît même qu’ils ont sollicité une audience avec le maire d’Oak pour qu’il fasse chasser les mages. Du pur suicide si tu veux mon avis, on, a trop besoin d’eux pour que le aire accepte leur requête complètement tarée !

Evidemment, même un simple roturier pouvait comprendre l’importance de l’équilibre réalisé jusqu’ici par les mages et non mages des villes possédant leur propre guilde. Renommée, influence, prestige. Tant de choses enrichissantes pour ces villes. Mais alors d’où venait ce profond malaise qui retournait encore les entrailles d’Alaric ? Pourquoi ne pouvait-il se faire une raison et rester juste assis dans son coin en aidant au mieux sa ville ? Peut-être parce que ce système de profit mutuel ne lui disait pas vraiment grand-chose. Ou peut-être qu’il s’investissait juste trop dans cette histoire et accordait trop de valeur et d’importance à des paroles qui ne servaient qu’à exciter des masses désireuses de trouver un berger pour les conduire. Il soupira. Finalement, rester assis à ressasse des pensées futiles de servirait à rien, mieux valait se dépêcher d’achever la mission puis rentrer parler à Drysfer Flynn, le maître de Blue Pegasus depuis le départ de Bob, de ces étranges groupuscules qui s’agitaient dans les rues. Le jeune homme se leva et sortit sans précipitations, non sans avoir reçu un « A plus l’iintello » de la part de l’homme, d’ailleurs, il aurait juré y avoir senti une pointe de déception, ce qui ne manquait pas de l’étonner.

Alaric retournait vers la réceptionniste afin de s’enquérir de la mage de Fairy Tail lorsque deux jeunes femmes ouvrirent les portes de l’université. Il aurait d’ailleurss tout à fait pu ne pas les remarquer, malgré les cheveux roses dee la plus grande et son allure soignée, elles n’avaient pas grand-chose de bien distinctif par rapport à tous les visages que l’on pouvait croiser dans ce hall. Mais voilà, il les remarqua grâce à l’exclamation de celle qu’il venait tout juste de regarder :

-Mais... c'est la petite mage des mots de Fairy Tail!

L’information ne fit qu’un tour dans son cerveau et aussitôt, le mage de Pegasus concentra son attention sur l’autre jeune femme. Petite en effet, mais son visage dégageait quelque chose ui ressemblait fortement à de la joie, à n’en pas douter, cette fille adorait les livres et devait se sentir transportée rien qu’à l’idée d’en avoir des centaines à disposition. Alaric sourit pour lui-même, ainsi donc, c’était elle la fameuse mage de Fairy Tail avec qui il devrait travailler pendant plusieurs heures sur une généalogie peu passionnante. Plus il y repensait, moins il avait envie de s’y mettre, il ne se pressa donc pas pour aller la rejoindre, préférant de loin observer la scne qui se déroulait sous ses yeux.

La fille aux cheveux bleus répondait à sa collègue avec un empressement étonnant :

- Oui c'est moi. C'est vous la mage de Blue Pegasus avec qui je dois faire la mission ?

Réponse négative de la magicienne aux cheveux roses. Enfin, cela semblait normal puisque le mage de Blue Pegasus en question se trouvait à l’autre bout du hall. La mage de Fairy Tail enchaîna sur une autre phrase empressée qui, si elle n’eut pas de réponse, poussa Alaric à aller à la rencontre des deux demoiselles pour faire cesser le supplice de sa collègue devant s’expliquer de sa méprise.

-C'est que je dois trouver un partenaire dont j'ignore tout sauf la guilde, je ne sais pas comment faire... Oh ! Et désolée de vous demander ça mais je ne me souviens pas de vous avoir rencontré. D'habitude, j'ai une bonne mémoire mais là je n'y arrive pas...

Il s’avança donc et dit sans autre forme de procès, mais de sa voix la plus aimable :

- Je suis le mage de Blue Pegasus avec qui tu dois travailler, mon nom est Alaric Eldar.

Mais il fallait bien assumer son irrépressible envie de ne pas faire ce pourquoi il était ici, ça ne coûtait rien d’essayer  et puis les Purificateurs ne lui en voudraient pas de toute façon :

- Vous avez entendu les rumeurs qui se propagent dans la ville en ce moment ?

Cette fois, il s’était adressé aux deux jeunes femmes, demandant bien sûr leurs prénoms avant tout autre discours.